BASA

T émoignages et documents 207 ce qui l'obligea à se rendre à discretion avec tous les honneurs de la guerre, ce qui arriva la premiere semaine de juin, quoique le fort eut encore pu tenir un mois selon l'aveu du commendant meme qui etoit un capitaine du regi– ment Kinski. Et cette tentative fut indiquée par un mauvais sujet piemontais d'ori– gine qui habitoit dans la bourgade du fort et qui perit dans la 2cte insurrection des paysants. Pendant les operations que l'armée française faisoit pour prendre le fort de Bard, le premier Consul Buonaparte s'avançoit vers le Grand St-Bernard accompagné du general Berthier, et à la tete de 100 hommes qui etoient sa garde consulaire il parvint a la cité d'Aoste vers les dix heures du matin. Il alla descendre à l'eveché où il recut les compliments des corps ecclesias– tiques et des administrateurs civils, ensuite il alla visiter le camp de St-Chris– tophle et sans avoir longtemps sejourné il descendit à Chatillon. Et prenant quelques guides il s'avança du coté de Brusson pour examiner les passages et où il fut rencontré par un capitaine autrichien qui gardoit ces défilés avec quelques. soldats et où par une méprise surprenante il risqua d'etre fait prisonnier, si un piquet de sa garde ne fut arrivé à temps pour faire l'autrichien lui-meme prisonnier. De là il se rendit à Arnad pour examiner avec le general Berthier l'entreprise que l'on formoit pour la redition du fort de Bard. Et après avoir donné ses ordres en consequence il passa lui-meme les défilés de Gressoney et penetra en Piemont suivi de sa garde et arriva à Turin pour faire partir les troupes qui avoient passé le Moncenis. Pendant cette intervalle le fort de Bard se rendit et l'artillerie française passa en Piémont et fut conduite à Marengo près d'Alexandrie, où les deux armées ennemies se batirent avec une perte considerable des deux cotés et où l'armée française auroit peri s'il ne fut arrivé à propos un renfort de Genes sous la conduite du general Massena qui y avoit été assiegé et où il auroit peri par la famine qui desoloit cette ville, sans la retraite des Autri– chiens qui se retrancherent à Marengo pour y livrer la bataille qu'ils perdirent par une intelligence secrete des chefs qui passa en mistere. Après cette vic– toire le premier Consul retourna à Paris par le Mont Cenis et une partie de sa garde passa par Aoste et penetra en Savoye par le Petit St-Bernard. pour le rejoindre à Chamberi et l'accompagner à Paris . Après cette expedition dont le succès avoit deja été pronostiqué par le premier Consul à son passage par la Vallée d'Aoste, il ne restoit plus d'obstacles à l'armée republicaine pour retenir le Piemont comme etant la clef de l'Italie. On fit abattre tous les forts qui avoient donnés de la resistance au passage des republicains, le fort de Bard subit alors le meme sort, et ce fut le pauvre peuple qui supporta une contribution pour leur demolissement. Turin vit dans cette circonstance abattre ses murs et ses portes, et l'on renversat à cette epoque l'ancienne Tour de Boeuf qui choquoit tant soit peu la vue de la fameuse rue appellée Doria grossa. Les patriotes crurent alors voir immortaliser le regne du republicanisme. En effet <lez la rentrée du premier Consul à Paris, on établit à Turin un admi– nistrateur general, et ce fut le general Jourdan qui fut le premier installé dans cette place avec le titre de conseiller d'Etat. Il y eut un Senatus-consulte, des tribunaux civils et criminels èe premiere et seconde instance. On eleva à la place Carline une guillotine; on créa des maires et adjoints dans chaque commune qui étoient comme des despotes. Une foule de loix partirent alors

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