BASA
208 A. Zanotto de Paris pour organiser tout le Piemont et Aoste, sous le nom de Bulletin des loix de la Republique française. Et ce fut encore le pauvre peuple que l'on obligea de s'abonner dans chaque commune pour en avoir dans leurs archives respectives une copie autentique. Ensuite dans les six departements dont étoit composé le Piemont, on crea un prefet qui devait resider dans le chef-lieu, et un sous-prefet dans les arrondissements. Aoste fesoit un arron· dissement du departement de la Doire dont Yvrée etoit le chef-lieu. Et la province d'Aoste etoit divisée en six cantons où residoit un juge de paix et six soldats de la gendarmerie pour la sureté publique et les arrestations. Dam cette disposition administrative pour laquelle il fallut créer un grand nombre de places lucratives pour les sujets qui avaient bien mérité de la republique par leur zele à la cimenter, survint un grand nombre d'impositions qui ache– verent d'accabler le peuple. Il n'y avoit bientot plus que les elements neces– saires à la vie de l'homme qui ne portat un impot. Les portes et fenetres des maisons furent soumises, comme les ameublements. On étoit obligé de payer toute exportation ou entrée, de quelles marchandises que ce soit, hors du territoire de la republique. Et ce qui acheva d'epuiser le numeraire du pauvre peuple ce fut le bureau de l'enregistrement qui étoit un goufre ine– puisable où tout le monde étoit obligé d'aller verser son numeraire pour le papier timbré pour tous les actes notariaux quelconques, pour les successions hereditaires meme de fils à pere et pour la consigne des hipoteques et rentes quel qu'elles fussent. Ce qui peut faire juger dans quel épuisement pouvmt se trouver le peuple de la Vallée d'Aoste, si pauvre par lui-meme. Au milieu de ces détresses et dans la grande penurie des damées et de leur cherté, outre les agioteurs et monopoleurs que la liberté rendait impu– nis, le cervaux du peuple s'echauffa à un point qu'il s'imagina que par l'aneantissement des jacobins son sort pourroit se meliorer. Sourdement il hourdit une conjuration contre cette race d'hommes qui ne tendoient vrai– ment qu'au despotisme et à l'impieté. Deja faché de voir remplacer les croix que l'on avoit substitué aux arbres de liberté de nouveau enlevées et profa– nées, fatigué des impots dont avec sa misere il se vovoit surchargé, appuyé d'ailleurs par les mecontentements que le peuple du Piemont et surtout de cellui qui avoisine le bas Val d'Aoste, temoignoit depuis longtemps, il se lia d'intelligence avec lui et on envoya des emissaires secrets dans les communes respectives pour s'assurer de leur disposition, ce qui ne put s'executer que vers la fin de l'année 1800, comme on le dira ci-après. Pendant le secret et la durée de cette trame, on envoya à la cité pour premier commissaire du gouvernement un certain Bertogliati, avocat natif de Bard, qui deploya son zele pour le patriotisme en fesant de nouveau eriger l'arbre de la liberté à la place du palais du gouvernement, au mepris de la croix qui y avoit été plantée et benie par l'eveque. Et le cinq octobre de la meme année, jour de la solemnité du Rosaire, il invita l'eveque, les corps seculiers et reguliers d'y assister, ce qu'ils refuserent à l'exception de quelques-uns. Et le onze du meme mois il organisa la Garde nationale pour faire la sentinelle jour et nuit au pied de cet arbre. Son pouvoir commissorial ne fut pas de longue durée. Il n'avoit pas d'ailleurs assez d'énergie dans sa propre patrie pour executer les plans qu'on avoit formés dans le secret des clubs. Il en falloit un plus determiné et plus impie pour porter par anticipation les coups qu'on a vu
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