BASA
Témoignages et documents 209 longtemps après executer par le gouvernement. Bruni son successeur 36 commença par envoyer la garde nationale circuiter le college au moment que les Barna– bites, qui etoient des clers reguliers de St-Paul et qui avaient été demandés l'an 1742 pour succeder aux Lorrains dans l'enseignement du college, etoient à table 37 , pour leur annoncer qu'ils n'avaient qu'à debarasser leurs chambres dont ils pouvaient disposer des ameublements qui ne tenaient qu'à leurs personnes, et partir dans trois jours. Cette epoque de la sortie des Barnabites arriva le 26 novembre 1800. De là ce commissaire Bruni choisit un cordelier qui lui avoit beaucoup servi dans les plans qu 'il vouloit executer et qui ne lui cedoit en rien en zele patriotique , pour presider au college national. Il installa donc ce pere Favre d'Ayas pour professeur de phisique 38 , le pere Frassi barnabite pour la rhétorique, le pere Guichardaz barnabite pour les humanités. Et les écoles primaires et secondaires furent enseignées par le pere Piota barnabite, un seculier appellé Excharlod et qui furent tous les (36) Ferdinand Bruni fut nommé commissaire d'Aoste le 15 brumaire an IX (6 nov. 1800), ainsi que lui-même le di.t d>1ns sa lettre du 21 hrumaire (12 nov.) à la municipalité d'Aoste (Archives de la commune d'Aoste, Recueil des lettres 1800-1801 ). Ayant dû prendre la fuite à la suite de la deuxième insurrection populaire, le 21 nivôse an IX (11 janv . 1801), il ne s'arrêta chez nous que deux mois. Assez pour que son souvenir soit conservé dans l'histoire de la Vallée d'Aoste ! (37) La révocation des Barnabites du Collège eut lieu le 19 novembre 1800, d'après J. LAURENT, Mémoire historique sur le collège royal de Saint-Bénigne d'Aoste, dans : «Soc. acad... . troisième bulletin», Aoste 1859, pp. 69-70. (38) Le père Jean-Joseph Favre (1764-1 826, dans le siècle: Jean-Jacques), mineur conven– tuel, « uomo di molto ingegno » (A. MANNO, II , n. 10406), fut l'un des plus fameux orateurs sacrés de son temps (L. COLLIARD, op. cil., p. 105). Il se distingua par l'ardeur de sa passion jacobine, porté qu'il dut être, par son naturel, vers des positions extrémistes. Mais il ne devait pas être un impie, tout en professant des sentiments républicains et, comme les définit Mgr Duc ( Histoire cit., IX, p. 227 ) les «idées malsaines (!) sur les droits de l'homme, sur l'émancipation sociale et la liberté individuelle ». Il fut l'auteur d'un opuscule polémique 'cf. supra, p. 187) dans lequel il désavoue hautement les deux mouvements des «Socques». Il y souüent la thèse de Bruni sur les causes de la deuxième insurrection contrerévolutionnaire et, loin de nier son amitié pour lui, il l'affirme et la glorifie (cf. P.-E. Duc, Le clergé d'Aoste du XVIII' siècle cit., p. 61) . Avant de mourir, le père Favre se réconcilia avec l'Eglise. Il fit une rétrnctation (publiée à Ivrée, chez les héritiers Franco, imprimeurs épiscopaux, s.d.) dont voici le texte: «Moi Jean-Jacques Favre religieux mineur conventuel de saint François, honteux d'avoir tordé si long-rems de réparer les scandales que j'û donnés au public depuis le mois de déoembre 1798 jusqu'en avril 1799, et ensuite pendant 1801, en demande très humblement pardon à Dieu, et les déteste très sincérement devant mes Supérieurs, le Clergé et la multitude des fidelles. « Je reconnais qu'étant religi.eux et ayant, par là même, renoncé au siècle, je me suis rendu très coupable en entrant dans les assemblées criminelles du Cercle, en y présidant et en y sortant si tard. « Je me suis parjuré, j'ai outragé Dieu et sa sainte Eglise, en opinant dans un écrit pour l'expulsion des membres des communautés religieuses, en dénonçant quelques membres du clergé comme ayant des principes politiques opposés à ceux du gouvernement révolutionnaire qu'on voulait établir à oette époque-là en remplissant, jusqu'à trois fois, les vues des adminis– trateurs qui voulaient faire célébrer, par des discours publics, les événemens favorables à la révolution, je crois, d'après un sérieux examen, et après avoir interogé plusieurs personnes qui m'ont entendu, que je n'ai rien dit dans ces discours qu'on puisse appeler impie et irreligieux, ni me faire soupçonner d'une apostasie publique, je n'ai cependant pu me prêter sans scandale à un tel ministère; et c'est ce que je désire réparer autant qu'il dépend de moi, en protestant du moins hautement que j'en éprouve un amer et profond régret. « Je dois peut-être placer à la tête de tous 1es sujecrs actuels de ma honte et de mon repentir, un petit imprimé que j'ai rendu public vers le printems de 1801, je me souviens d'y avoir parlé avec une indéoence irreligieuse de quelques objets relatifs au culte divin, je me souviens sur-tout d'y avoir écrit des choses contraires à la religion, puisqu'elles étaient 14
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