BASA

212 A. Zanotto commissoriales, ne donnerent presque aucun delai entre la publication et son effet. Dans toute la ville on ne laissa que deux cloches où il y avoit un horloge, et les autres clochers n'en devoient avoir qu'une. Et pendant les fetes de Noël de la meme année on obligea les communes de la province de livrer celles qui attenoient à leurs eglises et chapelles, sous peine de brigade. Epoque qui acheva de deconcerter le peuple qui craignoit pour sa religion. Il y eut cependant plusieurs paroisses qui refuserent d'obeir à cet ordre, entr'autres la commune de Chatillon où les paisans eux memes vinrent des hamaux garder nuit et jour le clocher de leur eglise. Ce refus fit d'abord prendre au commissaire des moyens de violence soit pour punir les habitants, soit pour avoir les cloches demandées. Il fit descendre la garde nationale de la cité le 6 du mois de janvier 1801 pour mettre à la raison ces renitents, mais il fut obligé de se replier avec sa petite troupe, ne se croyant pas en sureté contre un peuple qui lui resistoit, sans observer les regles de la guerre, et qui de derriere les rochers et les chataigniers lui fesoit connoitre qu'il savoit manier le fusil. Il tenta une seconde fois de se faire obeir, en augmentant ses forces par les Gardes nationales de quelques paroisses voisines de la ville, qui a la verité entrerent dans Chatillon, mais ils ne reussirent d'avoir que les petites cloches parce qu'ils apprirent que les paysans s'elevoient en masse dans la basse Val d'Aoste, pour venir faire main basse sur les jacobins. En effet cette armée de paysans composée de quatre à cinq mille hommes s'avançoit depuis les environs d'Yvrée. Et comme on ne pouvoit pas trouver des armes à feu pour tous, on se contenta d'etre muni de batons, de tridents, de piques, de sabre, pistolets , epées et haches. D'abord à l'entrée du pays cette armée deploya sans reflexion sa fureur contre les jacobins dont elle tenoit une liste fidelle, et sans ecouter la voix de l'humanité et de la religion elle s'abandonna à des excès qui auroient merités les plus grands chatiments, si on n'eut usé d'indulgence à l'egard de leur stupide et indisciplinée ardeur. A Douas, petite bourgade a l'entrée du pays d'Aoste, ces furieux firent main basse sur trois victimes du zele patriotique entre lesquels se trouva une femme qui sut mourir en republicaine. Sa maison fut pillée et ravagée sans compassion. A Bard, distant de demi lieu, on recompensa celui qui avoit aidé aux Français à diriger leur canon vers la porte de communication du fort. Il fut jetté sans pitié dans la Doire après avoir été massacré et son cadavre joignit les trois autres de Donas . Arrivés à Verrès ils pillerent plusieurs maisons soupçonnées de jacobinisme, mais ils ne purent atteindre leurs proix desirés qui avoient prevenus leur poursuite. Cette armée de paysans s'augmentoit a mesure qu'il gagnoient du terrein, et le son du tocsin joint à la me!1ace du pillage ou de la mort fit marcher jusqu'aux plus hebetés. A Chatillon ils pillerent, rompirent et fracasserent tout ce qu'ils purent atteindre dans les maisons de deux parti– culiers, vrais jacobins dont l'un avoit deja payé sa dette à Douas et vinrent ensuite à Chambave où, profitant du tumulte, quelques particuliers massa– crerent impitoyablement le secretaire de cette commune par un mouvement de haine ou de vengeance sans qu'il eut paru avoir donné aucune preuve du sisteme. De là cette armée indisciplinée dirigea ses pas vers la cité d'Aoste, et y arriva le 12 janvier 1801 vers les quatre heures du soir. Cette troupe, dans un appareil aussi ridicule que crotesque, ne laissa pas de jetter la terreur dans la ville. D'abord les plus apparants allerent à sa rencontre jusqu'au Pont de Pierre, ensuite l'ancien conseil crut qu'il etoit necessaire dans ce rencontre

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