BASA

Témoignages et documents 213 de montrer un air de douceur et de tranquillité, parce qu'on avait tout lieu d'apprehender que l'on eut incendié la ville, comme on le menaçait. Le general Merk qui etoit venu avec quelques compagnies françaises au bruit de ce soule– vement crut qu'il etoit important d'envoyer au devant de ces insurgés l'eveque Solar pour les appaiser. Il l'accompagna lui-meme jusqu'à Nus, mais leurs prieres et leurs exhortations ne furent point ecoutés. Ces paisans, pour mieux appuyer leur cause, s'ecrierent le long de leur route, et à leur arrivé dans la cité, Vive la republique, mort aux jacobins. Ils allerent ensuite investir toutes les maisons des jacobins et en pillerent qu'un certain nombre, mais par malheur pour de semblables armées qui marchent sans discipline, ils s'arreterent trop à boire dans les caves des maisons pillées jusqu'à forcer le monde ou a emporter ce qu'il voulait ou a s'ennyvrer comme ils firent eux-memes. De facon que le landemain ils chercherent inutilement leur proye qui avait pri le devant par le Petit St-Bernard, à la tête desquels etoit le fameux Bruni qui emporta avec lui son thresor. Pendant leur recherche, qui fut assez exacte, ils decouvrirent cependant un individu de Chatillon qu'ils auraient massacrés à la place de la cathedrale si ledit general Merk et l'eveque ne l'eussent sauvé sous de specieux pretextes . Le sejour de ces troupes de paysans dans la ville ne fut que de trois jours, et chacun se retira dans sa commune chargé du buttin qu'il avait fait dans differentes maisons, qu'il fallut ensuite restituer au moins en partie. Cette insurrection des paisans jeta une influence dans l'esprit du peuple de la haute Val d'Aoste qui, quoique invité, ne fit aucun mouvement, et qui donna quelques preuves de son zele au retour de certains jacobins qui s'etoient cachés dans la Valdigne, et un d'entr'eux aurait peri sans une pauvre femme qui le cachat après avoir été meurtri de coups. Ce qui occasiona un procès et des arrestations qui se terminerent par la suite. Pendant que les insurgés de la Val d'Aoste s'occupaient dans le duché à la chasse des jacobins, les patriotes s'enfermerent dans la ville d'Yvrée pour prevenir la fureur des insurgés du Canavais qui s'en seraient emparés s'ils avaient pu etre secourus par les Valdotains qui precipiterent trnp tot leur marche du coté de la cité, et qui allerent trop tard secourir leurs associ~s. Il fallut donc se retirer, soit pour n'avoir pas été d'intelligence, soit à cause de l'arrivée de quelques regiments français qu'on fit venir de Turin avec de la cavalerie pour dissiper ces paisans. Il n'etoit pas difficile avec la force armée de contraindre à rentrer dans le devoir des troupes indisciplinées et sans chef. Cette colonne movible monta cependant à la cité, ayant à sa tête l'avocat Mar– tinet qui annonça par un proclame, une amnistie à quiconque mettrait à bas les armes et rentrerait dans son foyer. Ce pardon ne fut pas cependant si general, il couta la vie à plusieurs individus qui etoient reputés comme chefs d'insurrection. On valut meme accuser un ecclesiastique pasteur qu'on conduisit à Turin sous le soupçon d'avoir animé au lieu de pacifié l'insurrection des paysans. Les motifs d'accusation paraissaient assez graves pour donner lieu à une condamnation capitale. Mais sa pleine justification effaça toute la malice des intrigues qu'on avait formés pour sa perte. Le commissaire Martinet, successeur de Bruni, usa d'abord de beaucoup de prudence dans sa commission, pour appaiser les esprits. A son arrivée à la cité, messieurs les jacobins commencerent à se montrer pour se plaindre des spoliations qu'ils avaient souffertes. Ils obtinrent neammoins quelques indemni-

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=