BASA
214 A. Zanollo sations qui furent le fruit des travaux de beaucoup de pasteurs qui s'employerent à cet egard comme à un devoir de justice. Ce bon office ne leur inspira pas de meilleurs sentiments pour le clergé en general, quoiqu'il se soit montré sous toutes les formes de son devoir. Plusieurs curés furent obligés, pour evi– ter toute poursuite, de se tenir pendant quelques temps dans le secret des mai– sons écartées, sous le noir soupçon d'avoir trempé dans cette insurrection ou l'avoir prcchée, accusation qui ne pouvoit venir que des mauvais individus que leur territoire ou celui de leur voisin nourissoit. Ce qui occasion~ pendant quelques temps une haine implae:1ble contre le clergé qui porta tout l'odieux de ces faux soupçons pendant ces crises. Et pour enlever au peuple tout idée de soulevement, le gouvernement donna des ordres severes pour le desarmement. On proceda d'abord par visite exacte, ensuite on publia un ordre à tout indi– vidu de consigner ses armes sous de grieves peines. Ces précautions neammoins n'assoupirent pas dans les coeurs la haine et la fureur que l'on sentoit contre le jacobinisme, et on doit plutot attribuer la tranquillité à la sollicitude des pasteurs et à la misere, qu'à tout autre motif que les malheurs journailliers <les temps ne pouvoient qu'étouffer. La docilité et la crainte n'eurent pas plutot appaisé le peuple de la Val d'Aoste, que ceux de la secte parurent avec plus d'audace se reunir pour obtenir une part à la bienfaisance du gouvernement. Il auroit fallu aut:mt de places lucratives qu'il y avoit d'individus pour créer des satisfactions et payer la reconnoissance promise. La religion et la discipline de l'Eglise se ressentit alors de l'influence des loix de la Republique. Toutes les vues se porterent sur cet objet, et parce qu'on envioit à ses biens sacrés et à son legitime pouvoir, on tenta avec succès d'apposer la main sur l'un et de supprimer l'autre. Ces usurpations et l'apparence de moderation qui portait des plus grands coups n'etoient pas assez sourdes que le peuple qui ne craignait que pour sa religion ne s'en appercut. Mais les regles du devoir et les exhortations des pasteurs lui rendirent sa soumission, et tout fut tranquille malgré la disette et les innom– brables impots qui aggravoient. Apres cette époque de tranquillité presque generale dans le pays, le gouvernement changea la forme des administrateurs des communautés et au li eu de rendre l'administration dependante d'un conseil, on etablit en conformité des loix des maires dans chaque paroisse, qui sembloient etre des despotes dans leurs charges. Il est vrai qu'on laissat l'ombre d'un conseil municipal, mais ayant les pieds et les mains liés, il ne pouvoit resister à la volonté des maires qui se passoient, disoient-ils, de leurs avis. Cette forme d'administrations souffrit de justes critiques et les communes se ressentirent de la singularité de ces pouvoirs qui etoient neammoins soutenus et autor/ sés. Le pouvoir ecclesiastique fut principalement contrebalancé par ces adminis– trateurs qui, en vertu de leur poste, se croyoient en droit de commander aux pasteurs jusque dans le spirituel de leurs eglises et de leur retrancher de leur honoraire. Il y eut meme depuis 1800 plusieurs curés qui furent reduits à ln misere pour ne pouvoir obtenir leur congrue. Dans cette situation la Val d'Aoste ne fesoit que languir sous le gouver– nement despote des jacobins. Les impots innombrables dont le peuple se trou– vait chargé et l'exaction rigoureuse qui les y contraignait, les forçait à la misere, outre les innovations multipliées qui l'inquietoit sur son avenir. On vit à ce temps tomber la littérature, et le goût pour les sciences. Le college de la ville, qui avoit joui si longtemps d'une grande renommée, perdit entièrement son
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