BASA
Témoignages et documents 215 lustre, il devint presque desert, et si dans cette nouvelle reforme trente ecoliers le frequentoient, on peut bien assurer qu'ils repondoient à l'habileté des maitres qui y professaient dans le nouveau gout, autant dans ce qui regardait la religion que les sciences humaines, à l'exception de quelques-uns qui ne pouvaient influencer sur l'irregularité de la conduite des autres. On vit alor; la jeunesse, par bonheur peu nombreuse, donner dans le piege de la liberté .et prendre par là le parti de l'insubordination. La piété et l'étude de la religion furent pour quelques années arbitraires et insouciantes. Ce tableau fidelle et trop sensible pour n'en pas appercevoir les consequences, determinerent les peres de famille à detourner leurs enfants des études, prevoyant les mauvaises impressions qu'ils auraient infalliblement reçues au milieu d'une ville, où tout conspirait à leur faire prendre ces airs de liberté et d'independance, et où la religion ne comptait plus pour rien. Ce qui est encore plus à remarquer sur ce mode d'éducation, c'est qu'on accoutumait alors la jeunesse à entendre dans les écoles les droits et devoirs de l'homme, leçons qu'on s'efforça d'introduire dans les écoles privées des com– munes, mais qui n'y furent pas reçues . Et ce qui prouve toujours de plus en plus quel etoit le but des jacobins, c'est qu'on avoit defendu aux maitres d'école de ne point prendre voix avec les pasteurs des communes qui jusqu'alors presidoient dans l'enseignement de la jeunesse qui leur etoit confié. Et on avoil regardé l'instruction de la religion comme accidentelle. Et si ce plan ne fut pas executé dans son entier, on doit l'attribuer à la prudente surveillance des pasteurs qui, dans cette occasion, ne manquerent pas de souffrir des persecu– tions. Il faut cependant avouer que les écoles disparurent alors de certaines communes par l'insouciance de certains maires qui en firent disparaitre les revenus, ce qui laissa la jeunesse dans la plus affreuse ignorance. Ce malheur n'etoit pas seul alors dans le pays d'Aoste depuis l'introduction du sisteme: les moeurs se ressentirent de l'influence et jamais on ne porta plus loin la volupté surtout dans la ville et les bourgs où on avait fait des proselites de la secte, ce qui est une preuve bien convaincante des pernicieux effets de cette liberté qui, en seduisant un peuple aussi bon et aussi simple que celui de la Val d'Aoste , ne pouvoient sans doute que devenir bien funestes chez des peuples plus rafinés et moins fatigués par le travail. Depuis l'époque qui fit soumettre le peuple de la Val d'Aoste au republi– canisme, il semblait que le pays avait changé de face . Deja la ville se montrait sous un dueil universel tant par rapport à l'expulsion des Barnabites et des Cordeliers, dont on se sentit incontinent du vuide, surtout à l'égard des derniers dont l'église située au centre de la ville etoit dépourvue de tout culte, et .par rapport au silence que fesoit regner l'abolition des cloches, de sorte qu'il n'y avait plus de difference entre les jours fériés et les jours de fetes. Les maisons religieuses, dont l'abolition de ces deux premieres pronostiquait la ruine, vivaient dans la plus dure indigence, et ne se familiari saient plus avec les solemnités du culte. Les bons et fidelles sujets etoient obligés de se concentrer, pour ne pas voir les abominations qui se preparoient de jour en jour. Les corps de la cathedrale et de la collegiale perdaient de leurs sujets, sans pouvoir les remplacer, à cause d'une defense expresse du gouvernement, ce qui donna lieu à la psalmodie au lieu du chant que l'eveque Solar accorda, tant par raison du petit nombre des chanoines qui composoient alors les deux corps, que par la modicité des revenus qu'ils percevoient. Le clergé de la campagne nè souffroit
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