BASA
Témoignages et documents 221 chargeaient la Mediterranée de vaisseaux, la cour de Vienne tenoit en Italie une armée considerable. On entrevoyait des coalisions secretes, sans qu'or, en put deviner les motifs, tant etoit grand le secret des cabinets. Il n'y avoit que quelques mois que Bonaparte avoit reçu l'onction sainte de son sacre des mains du souverain pontife Pie VII, lorsque par un surcroit de gloire et de prospérité le sénat consulte de Milan lui envoya à Paris une celebre ambassade pour le prier d'accepter la couronne d'Italie. Cette glorieuse proposition ornée par les titres les plus magnifiques, occasionna une fete des plus splendides dans la ville de Paris et fut acceptée par le temoignage de sa plus tendre bienveillance. Voilà, dit un ecrivain du temps, la sepulture des republiques dont l'abolition suit de près la naissance, et qui furent le prix d'une mer de sang. Cette nouvelle dignité demandait un nouveau couronnement. Il fut fixé au 26 mai 1805 dans la ville de Milan. Pour devancer cette ceremonie, on vit defiler par le Semplon une grande quantité de troupes françaises, entr'autres un regiment de cuirassier mameluk. Bientot après suivit le corthege de sa Majesté imperiale Napoleon premier, qui arriva à Turin le vingt avril vers les quatre heures après midi, et y fit son entrée solemnelle par la porte qui conduit à Stupinis qu'il avoit choisi pour son palais imperial, et dont les ornements avaient été fraischement envoyés de Paris . Pie VII venait d'arriver quelques jours avant l'empereur, et alla loger au palais ci-devant royal. Son corthege étoit de six carosses qui renfermaient les cardinaux de sa suite. Il celebra la s.te messe à l'autel du St-Suaire à laquelle un peuple immense assista. Il fut visité par l'empereur et l'imperatrice, et le jour avant son depart il leur rendit sa visite à Stupinis, et partit le landemain jour 27 avril pour retourner à Rome, où il arriva le 10 mai suivant. Après quelques jours de repos, il ecrivit une lettre <lattée de Rome le 20 du meme mois, pour feliciter l'empereur Napoleon sur son avenement au throne d'Italie, et chargea le cardinal Caprara archeveque de Milan, pour lui en porter le bref. La ville de Milan, qui avoit fait des preparatifs immenses pour le couron– nement de l'empereur Napoleon, vit à cette époque un grand nombre de princes et d'ambassadeurs qui venaient pour congratuler le nouveau roi d'Italie: une foule inombrable de peuples accourut aux fetes splendides du couron– nement qui fut fait par l'archeveque de la ville Caprara assisté de l'archeveque de Ravenne et de plusieurs autres eveques d'Italie. A peine ces fetes furent elles passées que l'empereur ordonna par un decret à tous les curés du royaume d'Italie, de lui envoyer un état raisonné des revenus de leurs églises, et confirma l'existence du chapitre de l'eglise de St-Ambroise qui apparemment craignait sa destruction. Dez l'époque du couronnement fait à Milan, le bruit courut à Yvrée et à Aoste que Bonaparte aurait visité ce departement. On fit en consequence des preparatifs pour former des gardes d'honneur et des arcs de triomphe. Et l'on s'assurait sur cette nouvelle par la relation que l'on fit que l'empereur voulait accompagner le corps du general Dessaix qui avoit été tué à la bataille de Marengo avec la renommée d'avoir contribué à la victoire, et qui devoit etre transporté à l'eglise du Grand-St-Bernard. Mais cette nou– velle s'evanouit bientot, lorsqu'on vit arriver à Aoste le 10 juin 1805 le convoi funebre de ce general mort en 1800, accompagné de trente hussards à cheval et d'une compagnie de fantassins au nombre de 300 avec une bande qui devait jouer de sons lugubres au moment de son depot. La nuit qui preceda cette arrivée, on abattit l'arbre de liberté qui etoit devant le palais du gouvernement, et l'on ne douta pas que c'etoit du consen-
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