BASA
Témoignages et documents 223 ;ais et qui fut donné au mari de sa soeur Elisée, avec les privileges de la succession à la principauté. Tous ces dégrés de gloire et de puissance auxquels la politique la plus rusée venoit d'elever l'empereur des Français, ne laissaient pas que d'échaufer la coalition qui s'était formée depuis quelque temps. Des armées inombrables etoient parties de la Russie pour se joindre à des corps considerables de trou– pes que l'empereur d'Allemagne avoit depuis longtemps sur pieds, et qui fesoient ombrage à la France . Ces armées etoient en partie sur le Rhin, en partie elles bordoient l'Addige et occupoient tout l'Etat de Venise que l'empe– reur d'Autriche occupait depuis plusieurs années. E t ce fut vers le commen– cement du mois d'octobre de cette année 1805 que se donnerent les premiers chocs entre les Français et les Autrichiens, tant du coté du Rhin qu'en Italie. Jamais les cabinets ont si longtemps travaillé dans le plus grand secret pour former une puissante coalision contre la France, et c'est ce qui a donné lieu aux politiques de former bien des plans sur le secret qui regnoit pour donner lieu à une guerre des plus sanglantes. Pendant ces manoeuvres des cabinets, le diocese d'Aoste fut incorporé avec celui d'Yvrée, et l'eveque Solar qui en avoit occupé le siege vingt ans, partit de la cité le 3 septembre de cette année après avoir vendu tout son mobilier et donné par une circulaire ses derniers adieux à son clergé en lui temoignant son regret sur sa separation, et lui fesant part de la demission qu'il avoit fait de son eglise entre les mains du pape Pie VII. Il se rendit à Turin, où il tra– vailla pour obtenir une pension qui eut lieu sur le pied de 6.000 livres annuelles, et se demit de l'eveché de Digne auquel il avoit été nommé par Bonaparte. Son départ donna lieu à l'eveque d'Yvrée de se faire reconnaitre pour le legitime pasteur par une circulaire qu'il fit parvenir aux vicaires generaux qu 'il confirmat provisoirement , afin de faire savoir au clergé d'Aoste ses intentions. L'etat politique de la France annonçoit dans cette intervalle qu'elle alloit se porter à des mesures les plus surprenantes par le nombre des armées qu'elle tenoit sur pied autant du coté du Rhin que du coté de l'Italie. L'empereur d'Allemagne qui avoit attiré à son secours l'empereur des Russies venoit de chasser de son electorat le duc de Baviere qui, soutenu par l'armée française, reussit de rentrer dans ses E tats, mais François II ne tarda d'avoir toutes les forces de l'empire français contre lui, non obstant le secours de la Russie . Il soutint d'abord un rude combat à Ulm qu'il perdit, et laissa un chemin libre aux Français pour arriver jusqu'à Vienne, capitale de l'Autriche, où l'empereur Bonaparte entra, sans s'arreter dans la ville, et où il laissa une forte garnison, pour poursuivre les deux armées coalisées jusqu'à Austerlik où se donna la celebre bataille qu'on nomma la bataille des trois empereurs, et où la France remporta la victoire par la defaite de l'armée autrichienne et russe, qui arriva le second decembre 1805, jour de l'anniversaire du couronnement de Napoleon qu'on surnomma le Grand du depuis. Cette nouvelle époque forma un mistere incomprehensible sur cette defaite, où les forces des ennemis coalisés etoient superieures, et dont la punition des chefs laissa entrevoir une perfide intelli– gence. Le sort de cette bataille d'Austerlik produisit la paix entre la France et l'empereur d'Allemagne qui rentra incontinent dans les Etats d'Autriche pour se voir privé de beaucoup de privileges et de provinces qui furent données au duc de Baviere qui, par son allience avec la France, obtint de Napoleon le titre de roi , conjointement avec le duc de Vittemberg et de Saxe qui accrurent leurs
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