BASA

224 A. Zanotto terntous par les cessions que la paix fit faire à l'empereur d'Allemagne. Ce qui forma trois nouveaux royaumes en Allemagne sous la protection immediate de la France. Cette defaite de l'Autriche changea beaucoup la surface de l'Italie qui, après avoir été le theatre d'une guerre opiniatre et de beaucoup de batailles sanglantes, se vit entierement en proie aux Français qui y occu– perent les premieres places, et enrichit la France par les impositions extraor– dinaires qu'on y jettat. Venise, cette ancienne republique qui avait été pendant quelques années sous la puissance de l'Autriche, fut alors incorporée avec tous ses Etats au royaume d'Italie qui avoit pour vice-roi le marquis Boharnais, fils du premier mari de l'imperatrice Josephine qui par les liens du sang fut déclaré fils adopté de Napoléon et qui epousa la fille du nouveau roi de Baviere incon– tinent après son couronnement, et dont la solemnité se fit à Munich qui en est la capitale. La jonction de l'Etat venitien au nouveau royaume de l'Italie ne com– pletoit pas le plan qu'en avoit tracé Bonaparte. Il se servit d'une plainte qu'il fit faire au roi de Naples d'avoir laissé passer la flotte anglaise et russe par ses ports pour envahir son royaume. Il envoya en consequence une puissante armée sous le commendement de son frere Joseph Bonaparte qui s'empara de Naples après quelques combats opiniatres. Il est vrai que cette conquete couta beaucoup de sang à la France et surtout la prise du fort de Gaëte qui soutint un long siege et qui ne ceda que par la disette et la force. Il se passa bien du temps avant qu'on put reduire la Calabre, où il se faisoient par inter– valle des insurrections puissantes et sanguinaires, mais qui n'empecherent pas au nouveau roi d'organiser ce royaume sur le pied de la France, d'en reduire les provinces en departement et d'abolir tout droit feudal. L'ancien roi se retira à Palerme après la perte de ses Etats napolitains et l'on fit repandre le bruit que c'étoit son epouse qui par ses intrigues avoit occasionné la ruine totale du royaume. Quelqu'en soit la cause, il est toujours certain de dire que la famille de Napoleon montat sur les thrones puissants de l'Europe et qu'il dependoit de la volonté de l'empereur des Français de créer à son gré des nouveaux royaumes pour y placer ses propres creatures et surtout ses frert:s et parens. De sorte que l'on compte actuellement trois rois et un empereur sortis de cette famille, sans compter les marechaux, grands connetables et autres princes qu'il créat et qu'ils lui etoient unis par le sang et la fidelité. L'an 1805 les Etats d'Hollande, on ne sait par quel instinct, se reunirent pour demander à Bonaparte un roi et de les prendre sous sa protection, œ qui fut sans doute aisé d'obtenir au mepris du stadoudher qui avoit été si longtemps leur gouverneur. Et ce fut sur la personne de Louis Bonaparte son frere, sur qui tombat le choix, et qui en prit possession incontinent sous les ailes de l'aigle françaix, et qui devint l'autre roi avec Joseph son frere roi de Naples, qui fut depuis transféré en Espagne. Toutes ces couronnes reunies dans la meme famille ne pouvoient sans doute que devenir des puissances formidables, puisqu'il est assez evident qu'elles se preteroient infalliblement des secours dans le besoin. Cependant ·cette reflexion ne vint pas à l'esprit du roi de Prusse Frederic– Guillaume II qui par une suite des mauvais conseils qu'on lui donna s'avisa d'emrer à main armée dans la Saxe et de declarer la guerre à la France. Il ne tarda pas à se repentir de son entreprise temeraire. Il eut d'abord toutes les forces de l'Empire sur ses bras, et perdit une sanglante bataille à Veïmar le 14 octobre 1806, où les Français firent un grand nombre de Prussiens prison-