BASA
230 A. Zanotto tombées dans ce mois, de façon qu'on se borna à attendre les troupes des confederés dans leur descente qui n'eut pas lieu . Les vues des princes alliés n'etoient pas d'envahir tous les pays conquis par Napoléon. S'ils se sont emparés des sommités des Alpes c'est pour empecher toute communication de secours et surtout de la part des Suisses dont il s'etoit créé le protecteur. Il est vrai qu'une armée autrichienne entra en Savoye et perça jusqu'à Chamberi dont elle s'empara, et que les Français reussirent ck: la faire reculer jusqu'à Geneve, mais ce fut pour peu de temps. Les alliés reprirent le dessus, et après divers combats soit du coté d'Anneci, soit aux environs de Geneve, les Français furent défaits avec beaucoup de pertes. Dans le meme mois de m:ers de l'an 1814 les confrderés pm1rsui·1irent leur marche vers Paris dont ils cherchoient à s'emparer. Et malgré tous les com– bats qu'on livroit sur leur passage et la levée en masse que Napoleon avoit ordonnée et dont on fit un grand carnage, Paris fut pris, et auroit été incendié par l'explosion du magazin à poudre que Napoleon avoit ordonné, si on avoit été obei dans ce projet meurtrier à celui qui meditoit la ruine des confederés autant que celle de sa ville capitale. Mais la fermeté et la bonne intelligence des confederés qui avaient plus d'un million d'hommes sur pied, leur fit surmonter et braver l'orgueilleuse et aveugle resistence des Français levés en masse dont on fit un horrible c1rnage, et qui malgré tout le poids de l'oppression et de la tirannie de leur empereur vouloient encore resister au dessein des alliés qui leur protestaient qu'ils n'en voulaient qu'à l'empereur. Le 29 mars de 1814 Paris capitula et l'empe– reur de Russie à la tete de sa garde fit son entrée dans Paris et obligea Napo– leon de se démettre de toute autorité et lui fit signer son abdication pour etre relegué dans l'isle d'Elbe sous bonne escorte. Telle fut la fin de cet homme qui avoit joué un si grand role et qui tenoit par la force de ses armes toutes les puissances de l'Europe sous sa main. Après la reddition de la capitale, l'empereur de Russie, le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche créèrent un gouvernement provisoire avant que le comte de Provence, frere du roi Louis XVI, fut debarqué d'Angleterre où il avoit sejourné. Cette déchéance de Buonaparte du throne que sa ruse lui avoit acquis et qu'il occupa depuis 1801, fit une impression si agreable sur les esprits qu'il semblait que l'on voyoit tout à coup un nouvel ordre des choses, ce qui deter– mina les puissances alliées à faire accelerer le retour de Monsieur qu'on appelb Louis XVIII et qui fit son entrée à Paris le 3 du mois de mai 1814. Cette entrée fut des plus brillantes, mais elle n'empecha pas qu'à l'approche du palais de Thuilleries madame la duchesse d'Angouleme, fille de l'infortuné Louis XVI, qui avoit epousé le fils du comte d'Artois nommé le duc d'Angouleme, s'eva– nouit à l'approche de ce palais par le souvenir des malheurs qu'elle et ses infortunés parents avaient soufferts, et surtout son frere qui devoit etre Louis XVII et qu'on fit impitoyablement mourir dans l'age d'innocence, comme pour éteindre la dinastie de la maison Bourbon. Le roi de France après son entrée se proposa de donner une constitution telle que son peuple sembloit desirer, et selon que les esprits etoient animés par les circonstances. Il accorda une amnistie generale et quoique la bonté, la douceur et le pardon gencr:il eussent été les premieres bases de son gouvernement, il ne tarda pas de voir les mecontentements et les demarches sourdes que les partisans du tiran et du despote employerent pour faire revenir sur le throne celui qui l'avoit si long– temps souillé, ce qui reussit l'année suivante.
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