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Témoignages et documents 235 2. Lettres de Guillaume Cerise au citoyen Chantel, président de la munici– palité d'Aoste , et aux «membres composant la direction centrale et la municipalité d'Aoste », Turin, 6 pluviôse an VII (25 janvier 1799) 51 • J e vous envoie par exprès cette lettre ci-incluse; elle ne doit être déca– chet tée qu'au milieu de la réunion de tous les membres de la centrale et de la municipalité. Cette réunion ne doit pas avoir un air officiel, mais celui d'une réunion d'amis dans la maison d'un individu pour boire une bouteille. Je vous salue et hâtez la réponse. Aux membres composant la direction centrale et la municipalité d'Aoste De toutes les provinces autrefois soumises à la despotique volonté de la maison de Savoye, celle sur qui s'est le plus durement appesanti son joug est sans doute le Val d'Aoste. Cette gothique famille, non contente de se nourir de cette malheureuse vallée, se tr:msmettait comme par héritage le plus insul– tant mépris contre nos vertueux et intéressants concitoyens . La loyale simpli– cité de leur caractère, dans une cour qui jamais ne connut que l'hypocrisie, était regardée comme imbécillité. E t si quelqu 'un, vous le savez, était à la faveur de l'obscurité assez heureux pour entrer dans une carrière, sa course était touj ours arrêtée au moment où il allait s'élancer hors de la multitude. Maintenant que la philosophie et la vertu ne sont plus des sujets de proscrip– tion, que les talents doivent être récompensés, cette barbare injustice doit disparaître avec ses auteurs. La Val d'Aoste, que je m'enorgueillis d'avoir pour patrie, malgré tous les efforts pour y étouffer l'émulation, a produit et compte encore plusieurs hommes éclairés; il est juste qu'ils sortent aujourd'hui de ce cercle étroit où les enchainait le despotisme, et où ne les retient main– tenant que leur modestie. L'occasion s'est présentée, il était de mon devoir de ne pas la laisser passer. Le gouvernement a destitué quelques sénateurs qui avaient souillé de sang innocent le temple de la justice, il s'occupe de les remplacer par des hommes qui, aux lumières, réunissent la vertu et le civisme. Mes collègues, convaincus des raisons que dans une semblable circonstance me suggerait l'estime et le bien de mes concitoyens, m'ont promis d'accéder à ma demande, et je fus invité de présenter de suite un sujet pour être membre du sénat. Mais comptant parmi mes compatriotes nombre de personnes qui réunissent toutes les qualités nécessaires à un magistrat républicain, j'ai été agréablement embarrassé dans le choix que je désire que vous fassiez vous-mêmes. Je sens que vous éprouverez le même embaras que moi, mais au moins vous pourrez combiner les intérêts individuels qu'un déplacement de famille pourrait changer. Le citoyen Froassaz sera probablement destiné aussi pour occuper une place dans le sénat, il le mérite à tous égards. Cette promotion laissera aussi une carrière à remplir ; il est, je crois, de toute justice que l'avocat Cristillin (51) Archives de la commune d'Aoste, Recueil des lettres 1794-1800.

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