BASA
242 A. Zanotto III. La descente des cloches et l'insurrection de 1801 D'après la plupart des auteurs valdôtains, l'enlèvement des cloches fut l'étincelle de la deuxième insurrection contre-révolutionnaire, en 1801 61 • Toucher aux cloches, a-t-il été remarqué, cela voulait dire pour le peuple « toucher à la religion et le blesser au vif » 62 • • La polémique sur les causes de cette émeute populaire éclata le lende– main même des événements, entre les protagonistes qui cherchaient, évi– demment, à se décharger de leurs responsabilités. D'un côté, le général Merck, commandant du huitième arrondissement du Piémont, dans un rapport adressé au général Soult, commandant général de la région, fai– sait tomber toute la faute sur l'épisode des cloches 63 • Le commissaire Ferdinand Bruni, responsable de cet acte, répondit dans son opuscule que le fait des cJoches n'avait servi que de prétexte aux ennemis du régime républicain pour faire éclater l'insurrection 64 • Dès le mois d 'octobre, nous dit Ferdinand Fenoil, historien insoup– çonnable, les « codins » (sic) se groupaient, s'entendaient pour préparer le second régiment des Socques. Il y avait dans ce mouvement des chefs, une entente prise entre les Canavaisans et les Valdôtains de la basse Vallée 65 • Quant à lui, Bruni ajoute: « Des bruits allarmants se répan– doient depuis deux mois environ sur des prétendues défaites de l'Armée Française, que j'ai tâché de démentir par des proclamations envoyées à toutes les communes de l'arrondissement, et par des mesures énergiques contre les allarmistes. Tous les jours il me parvenoit des renseignements sur les sourdes intrigues et sur les manèges des aristocrates, et surtout des curés, des moines, et des émigrés Savoyards et Niçards, pour exécuter leurs projets liberticides. J'en écrivis au Bureau général de la Police, en (61) La première insurrection eut lieu en 1799. Cf. P.-E. D uc, La prévôté et la paroisse de saint Gilles abbé à V errès diocèse d'Aoste, Ivrée 1873, p. 161 et sqq.; J .-A. Duc, Histoire cit., IX, p. 160 et sqq. (62) J.-A. Duc, Histoire cit., IX, p. 211. (63) Le rapport de l'adjurant commandant Merck n'est connu que d'après ce qu'en dit, pour le contrebattre, le commissaire Bruni. C'est parce que le rapport de Merck avait été fait imprimer que Bruni se décida, dit-il, à « tracer le tableau véridique de l'insurrection». Cf. BRUNI, op. cit., pp. 3-4. (64) I bidem, p. 4: «Tous ceux qui ont un peu de bon sens, seront à cette heure con– vaincus que l'abaissement des cloches a bien servi d'occasion aux ennemis du gouvernement pour exciter 1e peuple à l'insurrection , en lui faisant croire qu'on en vouloir à la religion , mais que la contrerévolution se tramoit depuis longtems dans la province d'Aoste , et autres du Piémont, de même que dans toute l'Italie, comme il conste par les pièoes interceptées et envoyées au gouvernement ». (65) Cf. F. FENOIL, op. cit., p. 218. Sur la participation des Canavaisans à l'insurrection. cf. F. CARANDINI, Vecchia Ivrea, II ed. , Ivrea 1927, p. 191 et sqq. (détails intéressants aussi sur le soulèvement en Vallée d'Aoste, fournis à l'auteur par le chan. François-Gabriel Frutaz qui les avait appris d'une tante).
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=