BASA

244 A. Zanotto ils ont dans tous les siècles et chez toutes les nations forgé les fers et préparé la misère de leurs concitoyens, tous les moyens leur paraissent sacrés, pourvu qu'ils servent à leur illusoire pouvoir. D 'ailleurs, je travail– lais à miner l'autorité du trone quand il était l'agent de confidence » 70 • * La réaction la plus violente contre l'ordre de réquisition du cuivre et des cloches destinés à l'Hôtel National des Monnaies eut lieu à Châ– tillon, et elle fut le signal de la deuxième insurrection populaire de 1801. Au mois de novembre la Commission exécutive avait décrété l'enlève– ment des cloches non strictement nécessaires au culte. Le commissaire Bruni avait été chargé de l'exécution de cet ordre, et il s'y employa avec son zèle habituel. La haute vallée n'opposa pas trop de résistance, mais il n'en fut pas ainsi de la basse vallée. Les insurgés se rassemblèrent au son du tocsin, à Châtillon, le 1er ou le 2 janvier 1801. Il y avait des gens de Torgnon, d'Antey et de Valtornenche. La bourgade fut envahie. Les paysans insurgés proféraient de terribles menaces contre quiconque toucherait aux cloches. Les municipaux intimidés décident de désister de l'entreprise de descendre les cloches. Le lendemain ils se rendent à Aoste pour mettre Bruni au courant de ce qui s'est passé. Celui-ci leur remet une lettre dans laquelle, en approuvant la ligne de conduite de la municipalité, il invite à s'abstenir d'abaisser les cloches « jusqu'à nouvel ordre ». Il me– nace les habitants que si le moindre trouble aura lieu, leur bourgade sera livrée aux horreurs de la guerre. La lettre de Bruni, paraît-il, fut regardée comme une défaite de sa part, et les insurgés s'empressèrent de chanter victoire. Sur ce, à Aoste on décide d'organiser une expédition punitive pour réduire à raison la « poignée d'hommes fanatiques guidés par les prêtres, quoique ceux-ci ne parussent pas ouvertement ». Une colonne mobile part au coeur de la nuit et arrive à Châtillon vers six heures du matin. La municipalité est assemblée, on désarme la garde nationale et on braque un obusier contre le clocher de la paroisse. Toutes ces précautions prises, le notaire Regis est chargé de procéder à l'exé– cution de la descente des cloches. Pour « donner un exemple », Bruni fait abattre toutes les cloches : cinq sur treize sont brisées, ce qui provoque les rémontrances de la muni– cipalité elle-même. Le commissaire doit se modérer et donner sa parole que deux cloches seront remontées, l'une pour le culte, l'autre pour l'horloge. Mais c'est trop tard. Les esprits sont échauffés et les gouver– nementaux doivent tourner les talons. Bruni prend le chemin du Petit (70) R. NOUAT, art. cit. , p. 299.

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