BASA

XXVI Académie Saint-Anselme tains. Les montagnes n'étaient pas tout à fait des barrières qui séparaient les peuples limitrophes, mais plutôt des traits d 'union qui reliaient la Suisse, la Vallée d'Aoste et la Savoie. Les glaciers avaient une autre confi– guration. Malgré l'étendue de montagnes et de glaciers qui les séparaient, les Valdôtains fréquentaient toutes les années la foire qui se tenait à Chermontanaz. Déjà au XIIIe siècle une route traversait le col Durand (on devrait dire d'Aran c'est-à-dire de cuivre) appelé plus tard la fenêtre de Calvin, où les Bagnards pouvaient commercer directement avec les Valdôtains . Les châtelains de Cly se rendaient, au milieu des neiges de l'hiver, dans le Haut-Valais. Notre Vallée ne communiquait guère avec le Piémont et la Lombardie, mais presque toujours avec la Savoie et la Suisse. Plusieurs passages ayant été obstrués, les relations s'étant multipliées, on sentit le besoin de percer les monts: le Gothard, le Simplon, le Mont Blanc, le Grand-St-Bernard. Mais que d'obstacles se sont opposés à ce projet ! Que de rémoras ont traversé ce dessein ! A cela ajoutons aussi la mauvaise volonté des hommes. Il y a déjà plus de cent ans qu'on parle de la percée du Mont-Blanc . On nous a toujours tenus le bec dans l'eau, leurrés de promesses fallacieuses, nices comme pour la voie ferrée ! M. Rouiller nous a rappelé le souvenir de quelques personnages val– dôtains qui, depuis belle lurette, avaient patronné le percement du Mont-Blanc: le chan. Carrel, le chan. Bérard Edouard et surtout le prof. François Farinet qui n'a épargné aucune démarche pour aboutir à cette réalisation tant désirée. Le projet du tunnel sous le Mont Blanc fut repris, dès 1946, par le comte Lora Totino, qui sut attirer l'attention du gouver– nement sur cette oeuvre. Le président du Conseil De Gasperi s'y montra très favorable et peut-être, s'il n'était pas mort trop tôt, ce projet eût-il eu une plus prompte exécution. Nombre de journaux: Le Dauphiné Li– béré, Le Faucigny, Le Messager, Le Réveil, le Journal de Genève, commen– cèrent à exalter !'oeuvre gigantesque, à éclairer l'opinion publique. La presse vaudoise et valaisanne mène aussi campagne. Peu à peu il n'est plus seulement question de la percée du Mont-Blanc, mais aussi du Grand-St-Bernard. Tout d 'abord le gouvernement italien barguigne comme l'âne de Buridan; il est bien favorable au principe des percées trans– alpines. Mais où prendre l'argent? Le Conseil régional de la Vallée d'Aoste délibère pour les deux projets, tandis que le Conseil Municipal de Turin opte pour le Grand-St-Bernard. Les ministères des travaux publics italien et français se tiennent dans une prudente réserve. Après une foule de chassés-croisés, de polémiques, d'entrevues, de joutes oratoires qu'il serait trop long de relater, on en vint à une convention intergouvernementale franco-italienne, ensuite à la ratification par le parlement italien, enfin à la ratification du Parlement français . Le percement du Mont-Blanc fut finalement décrété. Les Genevois devinrent dès les premiers jours les plus

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