BASA

Témoignages et docu:nents 259 primitives, telles à-peu-près que je les avais déjà annoncées, il y a envuon un mois et demi, au Bureau de la Police générale. Les brigands, comme vous l'aurez entendu, entrèrent à Aoste le 22 du courant [ 12 janv.] , sans trouver aucune résistance, au nombre de trois mille hommes environ. L'Adjutant Commandant Merck avait envoyé !'Evêque d'Aoste, avec le Commandant d'artillerie, pour parlementer avec eux, et au moment où ils arrivèrent, il demeura tranquillement à la Cité avec 250 hommes entre Gardes Nationales et Troupes de ligne, 3 pièces d'artillerie, avec leurs caissons et munitions de guerre. Les Autorités constituées civiles se retirèrent dans la Haute Vallée, où le peuple, très dévoué à la bonne cause, les a acceuillis avec empressement , et avec toute l'honnêteté possible. Merck réconnut ensuite une autre Municipalité composée en partie des personnes que j'avais données en note au Commandant de la Place Brignoly, pour les conduire en ôtage, dans le cas que la Troupe se fût retirée dans la Haute-Vallée, comme je l'avais suggéré au susdit Adju– tant Commandant, en attendant que le Lieutenant-Général Soult eût envoyé de la Troupe de ligne avec la colonne mobile, que vous m'aviez annoncée. J'ignore les excès auxquels se seront portés les brigands dans la ville, mais les horreurs qu'ils avaient commises dans la Basse-Vallée, ne me présagent que trop celles, dont les bons citoyens d'Aoste auront été les tristes victimes. Pour ce qui regarde la cause de la contrévolution, vous ne devez point l'attribuer à l'abaissement que vous aviez ordonné des cloches qui n'étaient pas strictement nécessaires pour le culte. Ce n'a été là qu'un prétexte, et un raffine– ment d'intrigue de la part des ennemis du gouvernement, qui ont voulu profiter de cette circonstance pour faire croire au peuple qu'on en voulait à la réligion. Le mal était déjà invétéré avant que vous eussiez donné cet ordre; vouloir y porter remède, aurait été presqu'une infraction à l'amnistie, que le traité de Marengo accordait aux révolutionnaires de l'an 7, parce que leurs trames étaient si sourdement organisées, qu'il n'aurait pas été possible de leur imputer aucun crime. Comme ceux qui se sont le plus distingués dans l'insurrection de l'an 7 ont paru à présent à la tête de cette révolte, j'avais proposé au Bureau de la Police de faire disparaître de la Province les émigrés Savoyards et Niçards, qui y étaient refugiés, de faire changer les curés les plus fanatiques de la Basse-Vallée; de prendre des ôtages à envoyer en France ou allieurs; enfin je lui avais pro– phétisé les troubles qui ont eu lieu, si on ne prenait pas des mesures énergiques. Des bruits allarmans se repandaient soit sur des prétendues défaites de !'Armée Française, soit à l'égard d'une nouvelle contrévolution dans la France: les plus grandes absurdités se débitaient, en disant tantôt que les cloches étaient requises par les jacobins qui les vendaient à six sous la livre, tantôt qu'on les transportait en France: tous les moyens étaient mis en usage pour faire perdre au peuple la confiance dans le Gouvernement qu'on supposait n'être composé que de jacobins; ils s'efforçaient de lui persuader que les contributions qu'il imposait, n'étaient point destinées à nourrir l'Armée Française, à activer les travaux dans !'Arsenal de Turin, à faire face aux frais de démolition des fortifi– cations du Piémont, mais que les jacobins mettaient tout dans leur poche, et que les Français eux-mêmes n'étaient que des voleurs. Il est facile de voir par là que l'insurrection se tramait depuis longtems, et que les ennemis du Gouvernement voulaient non seulement révolter la Vallée

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