BASA

282 J. -F. Rouiller développement des autoroutes et fut le premier à saisir l'opportunité de leur prolongement à travers la barrière alpestre. L'étonnante prophétie d'un naturaliste Venons-en tout d'abord à celui que l'on doit considérer comme le véritable « père » du tunnel du Mont-Blanc, le savant Horace-Bénédict de Saussure. Un Suisse avant la lettre, puisque Genève, République dès 1536, n'est pas encore de son vivant République et Canton membre de la Confé– dération suisse (elle ne le deviendra qu'en 1815). Né en 1740 d'une famille de seigneurs lorrains, dont l'un se réfugia en Suisse romande au milieu du XVI 0 siècle, mort en 1799, le plus illustre des très nombreux savants genevois du xvrne siècle enseigna la philo– sophie et les sciences naturelles à l'Académie de Genève de 1762 à 1786, soit pendant vingt-quatre ans, et en fut le recteur pendant deux ans. Il a fait progresser toutes les sciences auxquelles il a touché: botanique, physique, électricité, hygrométrie, météorologie, et surtout la géologie, dont il a posé à peu près toutes les bases. Il a parcouru les Alpes en tous sens pendant trente ans 1 . Son ascen– sion du Mont-Blanc, le 3 août 1787, qui l'a rendu célèbre dans le monde entier, a été préparée de longue date par de nombreuses incursions dans le voisinage du géant alpin et par l'institution d'un prix destiné à récom– penser le premier qui foulerait la cime jusqu'alors inviolée. Ce fut le chercheur de cristaux chamoniard Jacques Balmat qui, en 1786, avec le Dr Michel Paccard, parvint au sommet, et ce fut ce même Balmat qui, avec dix-sept autres guides et porteurs recrutés à Chamonix, accompagna le savant dans son expédition fameuse. On doit rappeler également l'extraordinaire performance que fut le camp dressé par de Saussure pendant dix-sept jours , du 3 au 19 juillet · 1788, au col du Géant, événement qui fait date dans l'histoire de l'alpi– nisme et de la science. C'est de cette exploration systématique des Alpes que date sa ren– contre avec le pays d 'Aoste 2 • (1) Un contemporain et compatriote, le bibliothécaire et savant Jean SENEBIER, son premier biographe, lui attribue à l'âge de trente-neuf ans déjà quatorze traversées des Alpes par huit endroits différents. Mémoire historique rnr la vie ,et les écrits de Horace Bénédict Desaussure, Genève 1801, p. 66. (2) Son fameux traité de morphologie alpine, édité en 4 volumes à Neuchâtel en 1779- 1796 sous le titre Voyages dans les AlP{!s, témoigne de l'intérêt de l'auteur pour les aspects non seulement géographique et géologique mais encore économique et humain de la Vallée d'Aoste, qu'il parcourut partiellement ou tout au long en 1767, 1771 , 1774, 1778, 1781, 1788, 1789 et 1792.

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