BASA
Les Valdôtains, les Suisses et les tunnels alpins 285 commencement de sa réputation littéraire, encore accrue lors de la publi– cation de délicieuses nouvelles et d'albums de caricatures 5 • Son sens affiné d'observateur - hérité de de Saussure dont il est un grand admirateur 6 -, sa profondeur d'esprit et son humour apparaissent notamment dans la description des sites et des gens qu'au cours de ces Voyages - et en particulier deux d'entre eux, celui de 1837 aux Alpes et en Italie et celui de 1839 à Milan, Côme et Splügen - l'auteur nous a laissée de ce pays valdôtain 7 • Il faut relire les pages - véritables morceaux d'anthologie - qu'il consacre dans sa relation de 1839 aux passages alpestres débouchant dans la Vallée d 'Aoste: Petit Saint-Bernard, Seigne et Grand Saint-Bernard. Passages qui n'étaient pas encore dotés de routes carrossables, et que l'on parcourait à pied ou à dos de mulet. Le Petit Saint-Bernard est selon lui « ... le plus facile et le moins terrible de tous, qui ne présente pas de grandes beautés pittoresques, mais où l'on arrive et d'où l'on sort par une contrée à la fois charmante et tranquille, sans bruit de grelot, sans poussière de chaise de poste. Si, parti de Genève en compagnie de deux amis , je voulais n'être que trop distrait de leur société par les aspects environnants, et cheminer en goû– tant à la fois le plaisir d'un intime entretien et celui d'un spectacle habi– tuellement doux et agreste, je choisirais pour me rendre en Italie le pas– sage du petit Saint-Bernard . On prétend qu'Annibal l'avait choisi aussi ; ce fut pour d'autres motifs apparemment ... » Il qualifie le col de la Seigne de « ... merveilleux pour ceux qui sont amateurs de solitudes alpestres, de cimes terribles , de glaciers formidables . ... Point de route, mais d'abrupts sentiers, où il ne faut pas s'aventurer sans guide. Point de voyageurs, mais une ou deux caravanes de tou– ristes, et parfois un chasseur de chamois qui passe d'une cime à une autre. Point d'auberges enfin , mais seulement un misérable chalet adossé au glacier du mont Blanc. Vous tous qui aimez la marche libre, indé– pendante, la poésie grande et neuve, l'immensité, le silence, le mystère, et ces confuses émotions que fait naître une brute et colossale nature, passez par l'allée Blanche ... » Quant au Grand Saint-Bernard , il le considère « ... remarquable à cause de l'hospice surtout, à cause de cette sainte maison où, depuis tant (5) Le grand poète allemand Goethe a rendu au talent « inne, Joyeux et toujours créa– teur » de Toepffer cet hommage: « Il défie les auteurs les plus riches et les plus expérimentés en matière d'invention fantaisiste. » (Lettre de GOETHE au Genevois Frédéric SORET, ancien précepteur de son fils, février 1831 ). (6) Dans la Bibliothèque universelle de Genève de 1834, Toepffer loue de de Saussure « cet esprit d'observation à la foi s supérieur et naïf, grave et bonhomme, qui embrasse les grands objets et qui ne dédaigne pas les moindres. » (7) On trouvera dans « La Tribune des Alpes - La Tribuna delle Alpi » publiée à Turin, année I , n° 5 6, 7, 8 et 9 des 15 juillet, 15 sept., 15 oct. et 15 nov. 1961, l'analyse que nous avons faite des observations de Toepffer sur le pays d'Aoste au cours de ces deux voyages de 1837 et 1839, sous le titre Il y a cent vingt ans, un Genevois découvrait la vallée d'Aoste.
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