BASA
Les Valdôtains, les Suisses et les tunnels alpins 287 de l'idée lancée, cette fois-ci, par un authentique Valdôtain, le docteur et poète Vagneur. .., .. Ainsi que nous l'avons pu établir en consultant, il y a de nombreuses années déjà, des documents conservés aux archives notariales d'Aoste, le gouvernement sarde avait, en 1836, chargé les intendants des provinces de lui faire rapport sur les améliorations souhaitables en matière de travaux d'utilité publique. A Aoste, l'intendant avait prié les docteurs Bich et Vagneur, l'un et l'autre membres de la Junte provinciale de statis– tique du Duché, d'étudier et de lui présenter quelques projets . Le baron Bich étudia un plan d'endiguement de la Doire. Quant au docteur Vagneur , il proposa fa percée du Mont-Blanc moyennant l'aménagement d 'un tunnel entre Courmayeur et Chamonix. C'était reprendre en somme la proposition faite par le premier de ces villages en 1814, sans plus de succès d'ailleurs. Dialogue entre un chanoine et un topographe Nous en arrivons à 1844, date importante dans l'histoire des com– munications alpines. Reprenant à leur compte l'idée, propagée dans des articles de presse, de leur compatriote le docteur et poète Vagneur, deux habitants de la Vallée d 'Aoste, le chevalier Joseph Alby et l'avocat Laurent Martinet, publient dans la Feuille d'annonces d'Aoste un projet de tunnel ferro– viaire sous le Mont-Blanc. Presque identique à celui qui , un siècle plus tard, sera enfin exécuté, ce projet consiste à percer la montagne au nord du hameau d'Entrèves et au sud du hameau des Bossons. Le point cul– minant du tunnel ne doit pas dépasser 1.300 mètres, sa longueur 12 ) kilomètres, et le nombre de mètres cubes à abattre s'élèverait à 104.000. Quant à la dépense, elle doit atteindre le montant de 21 millions de livres, « chiffre effrayant » - déclarent les promoteurs - qui n'exclut pourtant pas selon eux la possibilité du travail. « Ce serait là - ajoutent– ils - une route sûre, facile et praticable en toute saison. Cet ouvrage cyclo– péen, exécuté sous le col du Géant, serait digne du siècle du géant . » 11 Pendant deux ans, on discute fort et ferme de ce projet. C'est alors qu'intervient un nouveau Genevois, Guillaume-Henri Dufour, citoyen es– timé en tre tous puisqu'il sera l'un des quatre seuls commandants en chef, (11) Voir MELLÉ, J .-0., préface au Proiet d'un chemin de fer international ..., de 1. BoNELLI, op. cit. ; B EHGE, J., Chemins de fer transalpins .. ., op. cit., p. 14; STÉPHANI, Ph., Les tunnels des Alpes - Mont Cenis - Saint Gothard - Simplon - Loetschberg - Jura - Faucille - Mont Blanc, Paris 1919, pp. 69-70; Govr, S., Il trafo ro del Monte Bianco .. ., op. cit., p. 42.
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