BASA

288 J. -F. Rouiller avec le grade de général - grade suprême en Suisse - de l'armée fédé– rale suisse. Né en 1787 - l'année même de l'ascension du Mont-Blanc par de Saussure - d'une très vieille famille genevoise installée à Constance, mort à Genève en 1875, G.-H. Dufour sera, comme ingénieur cantonal genevois, l'auteur de projets d'urbanisme qui, au début du XIXe siècle, contribueront à donner à Genève la physionomie qu 'elle a encore aujour– d'hui. Il procédera à des relevés topographiques qui l'amèneront à dresser la première carte topographique de Suisse, modèle du genre, qui conser– vera son nom ; cette oeuvre magistrale lui vaudra beaucoup plus tard de voir attacher son nom à la plus haute cime suisse, la pointe Dufour dans le massif du Mont-Rose. Capitaine d'Etat major fédéral en 1819, chef de l'Etat major de l'armée suisse en 1831, il sera appelé, lors de la guerre civile di te du Sonderbund - alliance séparée - de 1847, à la tête de l'armée, et par– viendra à pacifier les esprits et à ramener rapidement la paix sans aucune effusion de sang. Membre fondateur avec quatre autres Genevois, dont Henry Dunant, du Comité international de la Croix-Rouge en 1864, il prendra une part active à la vie civique genevoise, et sera entre autres l'un des promoteurs des chemins de fer à Genève, dans les années 1844 à 1858. Il en vient également à s'intéresser au tunnel du Mont-Blanc. Mis en rapport, au cours de ses travaux géodésiques, avec des person– nalités de la Vallée d'Aoste, voici ce qu'il écrit à l'un des plus ardents protagonistes du tunnel, le chanoine valdôtain Georges Carrel, le 8 février 1846: «Vous me faites part d'une idée qui, à ce qu'il paraît, s'est emparée de quelques esprits, que l'on aurait regardée comme entièrement chimé– rique, il y a quelques années ; devant laquelle, maintenant, on ne recule pas, accoutumé qu'on est d'entendre parler de montagnes percées, telles que le Jura, le Cenis, etc. On ne connaît plus rien d'impossible. Le projet de percer le Mont-Blanc, tout colossal qu'il est, a donc pu être abordé. Mais il y a loin de la conception à la réalisation d'un semblable projet ... » Ayant fait entrevoir les difficultés de cet ouvrage, il conclut: « En conséquence, il vaut mieux, pour le moment, y renoncer que de le pour– suivre .. _ » 12 • Deux lettres nous instruisent sur l'évolution de cette affaire. Dans l'une, du 12 septembre 1847, l'avocat Martinet écrit au chanoine Carrel que « des difficultés graves et nombreuses, sans réussir à me faire aban– donner une idée si longtemps caressée, mais dont je n'ose plus espérer (12) Le texte de cette lettre, dont les papiers de G.-H. Dufour semblent n'avoir conservé aucune trace, nous est connu grâce à l'opuscule du chanoine Louis GORRET, intitulé Mémoire sur l'anthracite d'Aoste, suivi d'un autr,e mémoire sur les chemins de fer, Aoste 1862. STÉ– PHANI, op. cit., p. 70, et Govr, op. cit., p. 42, y font une modeste allusion.

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