BASA
Les Valdôtains, les Suisses et les tunnels alpins 289 la réalisation, m'ont forcé de porter mes égards ailleurs pour le passage désiré des Alpes », et il cite successivement cinq passages, entre Ollo– mont et les Bosses, susceptibles d'accueillir une « route en fer », propre à unir « notre patrie, enclavée au sein des Alpes, ... aux plaines qui s'éten– dent au pied des deux versants de ces montagnes. » Un mois plus tard, le 12 octobre 1847, le chanoine Carrel répond à Martinet: « ... J'avais presque abandonné l'idée d'un tunnel à travers nos Alpes lorsque, vers la fin du mois d'août 1846 ... , je me suis rendu entre la vallée de Ferrex et celle de Pra d'Arc à S'-Rhémy, sur le Pain de Sucre, ainsi appelé parce qu'il a exactement la forme d'un cône ... J'ai trouvé que cette cime est à 2908 mètres au-dessus du niveau de la mer ... Après mon retour à Aoste, j'ai terminé les calculs que j'avais commencés sur les lieux, et j'ai trouvé pour résultat que la longueur du tunnel à faire sous le Pain de Sucre serait de 3250 mètres ... Vous voyez que le résultat est tout-à-fait favorable ... Au moyen de quelques légers développements, on pourrait facilement adoucir les plus fortes pentes et les rendre tout-à– fait praticables ... » Et de conclure: «Me voilà, Monsieur l'Avocat, à la fin de ma tâche, je vous laisse le soin de faire le reste. Une ère nouvelle paraît commencer bientôt. Si jamais vous êtes appelé à représenter les besoins de cette province, n'ou– bliez pas le Pain de Sucre. » 13 Une douzaine d'années plus tard, en 1856, lorsqu'un premier forage sera entrepris, pour être abandonné peu après, en vue de l'établissement d'une ligne ferrée à travers les Alpes, ce sera sous le col de Menouve, qu'avait envisagé un instant le chanoine Carrel. Le Pain de Sucre, lui, sera complètement oublié ! Un physicien aux prises avec un chanoine et un géologue Sans être tout à fait abandonnée, l'idée du percement du Mont-Blanc ne réapparaît que sporadiquement au cours des deux décennies suivantes. En 1856, alors que le tunnel Modane-Bardonnèche - ou tunnel du Fréjus, faussement appelé tunnel du Mont-Cenis - est sur le point d'être entrepris, l'ingénieur sarde Joseph Bonelli consacre de nouvelles études à l'aménagement d'une voie ferrée internationale à travers le Mont– Blanc, reliant Turin à Genève. Le souterrain qu'il préconise doit mesurer 18,5 kilomètres entre Pré-Saint-Didier et la gorge de Taconnaz proche de Chamonix. (13) GORRET, op. cit.; voir aussi BERGE, op. cit., p. 14; STÉPHANI, p. 70; Govr, p. 42. 19
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