BASA

290 J. -F. Rouiller Ces intéressantes recherches ne seront divulguées qu'en 1880 14 • C'est en vain également que le chanoine Louis Gorret agite la ques– tion dans un ouvrage traitant de divers problèmes intéressant la Vallée d'Aoste 15 . * L'affaire rebondit après 1870, année où l'on décide la construction du tunnel du Saint-Gothard, entreprise deux ans après par le Genevois Louis Favre. Conjointement aux études faites en France par les ingénieurs Godin de Lépinay, Ernest Stamm (secondé par Maimeri), Cartery et Moron , un Comité d'initiative se crée à Aoste et présente en 1877 un mémoire au ministère des travaux publics en faveur du chemin de fer Ivrée-Aoste. On parle aussi beaucoup du Simplon, dont le percement ne sera com– mencé qu'en 1898 . Une nouvelle phase d'intense activité en faveur du tunnel du Mont– Blanc, ou contre lui, va s'étendre jusque vers 1882, époque de refroidis– sement dans les relations franco-italiennes à propos de la Tunisie 16 • En 1880 paraît à Turin une brochure intitulée Le Mont-Blanc et le Simplon considérés comme voies internationales. Il a pour auteur le cha– noine Edouard Bérard, de la cathédrale d'Aoste , chevalier de l'Ordre mau– ricien, membre du Comité promoteur du chemin de fer Ivrée-Aoste, et se complète d'une annexe géologique de Martino Baretti. L'auteur fait état des travaux de l'ingénieur Louis Chabloz, « pen– dant dix ans employé aux études et aux constructions des chemins de for de la Sicile et de l'Italie méridionale », dont le plan de ligne ferrée Aoste-Chamonix comporte un tunnel de 13,570 km sous le Mont-Blanc, culminant à 1074 mètres 17 • Sa conclusion est intéressante à lire: « Au conspect de tant de sympathies pour le Mont-Blanc, qui lui sont données parce qu'il présente à l'Angleterre, à la France, à la Suisse occidentale, pour leurs transactions commerciales avec l'Italie et l'Orient, la ligne la plus directe et la plus rémunératrice, que doit faire l'Italie ? (14) BoNELLI, J., Projet d'un chemin de fer international .. ., op. cit. (15) GoRRET, L., chanoine, op. cit. (16) Dans son ouvrage La guerre des tunnels - Histoire du tunnel routier sous le Mont– Blanc, Bonneville 1965 (notamment pp. 13-17), Philippe DÉSAILLOUD a mis excellemment en évidence les conséquences, beaucoup plus néfastes encore que les fluctuations de la politique internationale, de la mésentente des Valdôtains aussi bien que des Savoyards et des Genevois (conœ rnant ces derniers, on en trouvera des preuves dans la thèse que nous avons consacrée à La construction des chemins de fer à Genève, Genève et Berne, 1947) face à une politique cohérente des administrations ferroviaires soucieuses de faire affluer sur leurs réseaux le maximum de trafic possible. (17) BÉRARD , E., Le Mont-Blanc et le Simplon considérés comme voies internationales, ... avec une lettre de M. le Prof. M . BARETTI sur les conditions géologiques du tracé Aoste-Chamounix, Turin 1880, p. 14.

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