BASA

Les V aldôtains, les Suisses et les tunnels alpins 295 rances qu 'il a reçues du chef du gouvernement italien quant à la réalisation de cette gigantesque entreprise. « Une autre manifestation en faveur de ce projet eut lieu le jour suivant: ce fut une visite à Courmayeur, où les étrangers avaient été invités par le podestat de la commune, M. Manetti. Avant de quitter Courmayeur; une courte excursion conduisit les visiteurs jusqu'au petit village d 'En– trèves , vers le grand glacier de la Brenva, au pied même du massif où l'on a prévu l'entrée sud du tunnel. Et pour repérer sur le terrain le point exact, M. Bron, de Genève, eut recours aux connaissances topogra– phiques d 'un homonyme du lieu, Othon Bron, le plus fameux guide du versant italien du Mont-Blanc. » Quelques remarques en guise de conclusion Il valait la peine de rappeler ces choses, replacées dans leur contexte , afin de dissiper le malentendu gui tendrait à faire croire que le tunnel du Mont-Blanc est l'oeuvre exclusive de notre génération, de ces six dernières années consacrées à son accomplissement 28 • Si les efforts déployés par quelques-uns de ces pionniers du grand souterrain alpin que j'ai évoqués ici n'ont pas abouti, ce n'est pas parce que l'idée qu'ils défendaient était sotte. C'es t bien plutôt en raison de la sottise des hommes qui nous a valu si souvent des crises, des conflits armés impropres à des oeuvres constructives . Ainsi, du temps d 'Antoine Bron, au moment même où la concession allait être accordée au Syndicat international pour le percement du Mont– Blanc, était entreprise la conquête de l'Ethiopie. C'est le déclenchement des sanctions, la rupture de l'amitié traditionnelle franco-italienne, l'orien– tation toujours plus marquée vers l'Allemagne hitlérienne. Bientôt, des bruits de guerre mondiale se propagent, et les soucis relatifs à l'amélio– ration des relations entre peuples font place à des préoccupations plus absorbantes. Plus tard, avec la paix retrouvée, commence une ère nouvelle dans l'histoire des communications alpines. La phase qui débute à la fin 1945 verra les initiatives personnelles faire place à une véritable coopération interrégionale et internationale. Je devrais 29 évoquer ces premières rencontres italo-franco-suisses, pres- (28) Cette remarque n'entend atténuer en rien l'admiration que valent aux constructeurs du tunnel du Mont.Blanc leur sagacité et leur indomptable opiniâtreté. (29) J'ai tenté de le faire dans une étude intitulée Le tunnel du Mont-Blanc, trait d'union européen, couronnée par l'Académie du Faucigny en 1959, publiée sous le haut patronage des autorités exécutives de l'Etat et de la Ville de Genève, du Conseil général du dépar– tement de la Haute-Savoie et de la Junte exécutive de la Région autonome de la Vallée d'Aoste, préface du prince Jean-Louis de Faucigny-Lucinge, Lausanne, Centre de recherches européennes de l'Université de Lausanne, 1960.

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