BASA
376 M. -T . Billet L'ouverture des tunnels devrait se marquer par un rapide essor tou– ristique, car dans l'ensemble, chaque région se prépare à sa nouvelle vocation d'accueil international. Le potentiel touristique est déjà l'un des plus riches qui existe en Europe, aussi bien par la variété des paysages que par celle des équipements. Il existe cependant un certain nombre d'inconnues. La première c'est de savoir si l'activité touristique existante aura assez de souplesse pour s'adapter constamment à la demande et devenir l'élément dynamique de l'économie des régions intéressées, ab– sorbant les financements et cristallisant les énergies. Le désavantage d'un coût plus élevé que l'hôtellerie espagnole par exemple, ne devrait pas être une entrave décisive, à la condition de porter les efforts sur la qualité de l'accueil et d'utiliser une publicité judicieuse pour favoriser un engouement vers la grande attraction européenne du moment: le tunnel sous la plus haute montagne d'Europe. C'est ce qu'essaient d'orga– niser des comités internationaux, par exemple la Confédération Perma– nente des Tunnels et des Grands itinéraires ou les chambres de tourisme (Union Valaisanne du Tourisme, association départementale Haute Savoie - Mont-Blanc créée en 1962). L'incertitude la plus grande réside dans les possibilités de l'infrastructure routière, et surtout les réactions que ses imperfections entraîneront chez l'usager. En principe les tunnels comblent une lacune importante des liaisons nord-sud. Leur trafic ne devrait pas subir de pertes notables. Mais la vie touristique risque de perdre davan– tage. La hâte de franchir le mauvais passage, le manque d'itinéraires de diversion peuvent amener le flot des automobilistes à franchir, indifférent, les pays qu'il traversera et surtout à garder un mauvais souvenir de la route ! L'influence touristique restera un phénomène de rive et ne s'infil– trera pas dans le reste de la région alpine. Seules les régions directement en contact avec les tunnels ou leurs voies d'accès, verront leur physiono– mie traditionnelle bouleversée et connaîtront un rapide essor. Mais il est bon, dans une première phase, de développer seulement les points les plus favorisés, à condition d'amener une rapide amélioration des routes pour séduire un plus grand nombre de visiteurs et de provoquer un phé– nomène de tâche d'huile. Il ne faudrait pas vouloir à tout prix retenir le touriste, lorsqu'on ne peut lui offrir ce qu'il désire, sans courir le risque de le décevoir. Il ne faut pas vouloir non plus trop demander et ambition– ner un équipement parfait alors que tout n'est encore que probléma– tique. Et ce n'est que dans la mesure où ce qui existe aura fait ses preuves que les besoins en équipement seront satisfaits et que l'influence des tunnels s'étendra sur une région de plus en plus vaste. Les deux tunnels du Mont-Blanc et du Saint-Bernard correspondent donc bien aux besoins, non seulement de l'économie moderne, mais aux besoins de l'homme de la civilisation industrielle. Les relations toujours plus étroites entre les peuples exigent des liaisons de plus en plus faciles
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