BASA
Commémoration de Daniel-Rops 9 sous le texte descriptif. Ce surnaturel constituant la part personnelle de l'auteur à la Révélation. Je n'en veux comme témoignage que la biographie de saint Anselme au sein de l'Eglise du Moyen Age. Il souligne sa personnalité dans une Europe sans frontières étroites, non moins l'argument ontologique de l'archevêque de Cantorbéry : «Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre ... » Saint Anselme semble ici sta– tufié; mais voici un phrase qui va animer cette statue: « ... Anselme enfant aimait méditer sur les montagnes de son pays ... Père de la Sco– lastique, son intelligence ne porta pas atteinte aux exquises qualités du coeur .. . Anselme, toute sa vie, n'eut qu'une consolation et qu'un ras– sasiement, l'amour de Dieu ... » Voilà bien l'historien se muant insensiblement en prospecteur de l'au-delà. L'oeuvre de géant devant laquelle nous nous trouvons laisse l'esprit confondu. Daniel-Rops, affecté depuis quelques 40 ans d'une myasthénie, avait éprouvé successivement la paralysie de ses paupières, partiellement de sa langue, puis de ses jambes qu'il ne pouvait soulever. Au mois de juillet dernier il perdit progressivement sa vitalité, et, sans angoisse préalable, sans symptôme alarmant, son coeur s'est également paralysé. Ce fut sans souffrances qu'il s'est éteint le 27 juillet au soir. Trop conscient de cette menace à courte échéance, il semble qu'il ait voulu doubler les doses du travail quotidien . Tous les jours , de 7 h à 13 heures, il s'enfermait dans son bureau, pour lequel nous retrouvons la formule de Michelet: « ma table d'existence ». Les dix gros volumes de !'Histoire de l'Eglise ont été écrits en 20 ans ! Contrairement à une ooinion souvent émise, il travaillait seul. La soi-disant participation de religieux bénévoles ou de scribes patentés relève de la fantaisie. Reste pour notre étonnement supplémentaire l'Index bi– bliographique annexé à chaque volume ! Mais pour ce monde de documents il avait un regard percutant de chercheur d'or dans un limon verbeux; j'en ai eu des exemples fréquents. Deux manies accompagnaient ses prises de notes: encre violette, papier bleu . Alors nous sommes arrêtés par un paragraphe de la Vie de Saint Paul, qu'il écrivit, l'ayant sous-titrée: « un conquérant du Christ ». Voici ce paragraphe: « Saül était vraiment de ces hommes qui n'exis– tent que par l'âme. Son état de santé précaire ne l'empêchait point de courir le vaste monde avec une énergie peu commune, ni d'accomplir une oeuvre d'une taille exceptionnelle. N'est-il pas de constatation cou– rante que les réalisations qui passent la moyenne sont souvent le fait d'hommes de vitalité physique déficiente ? Comme si l'intensité spirituelle s'alliait volontiers à l'on ne sait quelle mystérieuse fragilité .. . ». - Ces lignes ont un accent d'auto-biographie. Conquérant, Daniel-Rops le fut au sens d'écrivain de renommée mondiale; conquérant au sens
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