BASA
Les confréries du Saint-Esprit 23 érigées canoniquement ni elles ne sont en possession de l'autorisation du souverain, il déclare tout court qu'elles sont abusives « de même, dit-il, que plusieurs autres établissements de cette espèce que l'usage et une piété mal dirigée ont introduits. » Il stigmatise avec saint Anselme la dégénérescence de ces associations. Bien que le saint archevêque de Cantorbéry ne parle que des associations purement mondaines, l'avocat Mouthon estime que « les reproches qu'il fait ne sont devenus que trop applicables aux confrairies qui se sont repandues de nos jours sous differens vocables. » D'autre part cet avis a déjà été émis par un concile tenu à Avignon en 1594, qu'il cite: « Non numquam contingit ut abusu intolerabili quod ex elemosinis ad pios usus destinatis convivia et commessationes instruantur .. . Idcirco episco– porum et magistratuum cura incumbit hisce abusibus occurrere, et confra– ternitates ad legitimum usum revocare ». Mais voici les expressions sévères que l'avocat fiscal emploie à l'égard des repas en commun: « Cet abus intolérable de consacrer les revenus des confrairies en repas et en aumône distribuée indistinctement aux pauvres et aux riches subsiste dans plusieurs paroisses de ce duché, tandis que quelques-uns des curés, à ce que l'on nous suppose, manquent de la portion congrue pour se soutenir avec la décence qui leur convient, tandis que plusieurs églises n 'ont pas de fonds nécessaires pour leur ma– nutention, tandis que plusieurs familles gémissent dans la misère, et que celles qui luttent contre l'indigence sont chargées de surimpositions qu 'on leur épargnerait pour fournir aux occurrences, si les revenus de ces con– frairies étaient repartis à ces differens usages, suivant les besoins de chaque paroisse. » Mieux vaut donc, dit-il, d'appliquer les revenus des confréries à l'entretien des maîtres d'école , car « de telles institutions qui ont pour objet de former des citoyens dans les principes de la religion et d 'une saine morale sont si recommandables qu'on ne saurait trop les favoriser dez qu'on ne les multipliera pas au dela d'une juste proportion. » Ainsi, après de longs siècles d'existence, disparaissent nos confréries du Saint-Esprit, avec la pleine approbation de l'autorité diocésaine et le bon plaisir d'un magistrat imbu des idées philosophiques . L'esprit d'union fraternelle des anciennes confratriae du Saint-Esprit, ainsi que la tradition des repas en commun (avec les abus qui s'ensuivaient) n'ont pas cessé avec la disparition de ces associations. Cet esprit et cette tradition nos ancêtres les ont transférés dans les confréries de dévotion et de piété, où elles continuèrent longtemps. Dans les constitutions syno– dales de 1835, Mgr Jourdain, évêque d'Aoste, après avoir constaté que «De tous les abus qui se sont insensiblement glissés dans les confréries, le plus grave est celui des repas , ou festins qu'on y donne, » sent encore la nécessité d'établir ce qui suit: « Nous interdisons absolument tout repas
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