BASA
96 L.-A. Coltiard du cosmos », 24 le caractère d'une véritable mort srnvte d'une résurrection . C'est l'expérience chrétienne fondamentale de la seconde naissance 25 • Dans sa longue Introduction, l'auteur, constatant l'importance du rôle joué par la Bible dans la formation de la pensée et de l'art de Claudel, est amené à préciser qu'il s'agit plutôt de la Bible « aménagée, découpée en vue d'une fonction bien précise : celle de fournir la ma– tière des offices liturgiques dans le déroulement de leur cycle annuel », 26 et qu'ainsi « le document capital est donc tantôt le Paroissien, ou, com– me dans La Ville, le Missel, c'est-à-dire le recueil des textes bibliques utilisés dans la liturgie, et tantôt ce livre vivant qu'est l'Eglise » 27 • Cette constation n 'est pas neuve: on sait que pour Paul Claudel, pour cet ancien postulant bénédictin, la li turgie - dont il a écrit 28 qu'elle « n'est autre chose que la Bible vivante et actualisée » - est toujours restée la grande éducatrice. Le Journal encore inédit porte la trace, dit-on, de sa lecture assidue du bréviaire et de son assistance presque quotidienne à la messe 29 • La troisième étude des Recherches claudéliennes de M. Marius– François Guyard, que nous citions plus haut, avait déjà montré à quel point Claudel était nourri par la lecture des textes sacrés, connus surtout à travers le bréviaire, et combien puissamment le cycle temporel de la liturgie avait agi sur la genèse de ses oeuvres, surtout sur ceile des Odes et sur celle de Corona benignitatis anni Dei 30 . Ce qui est remarquable ici, c'est bien plutôt l'ampleur et la minutie de l'examen chro110logique de tou~e la vie et l'œuv re de Paul Claudel auquel le Père Vachon procède à partir de cette constatation de « l'im– prégnation liturgiqué » de !'écrivain, à travers quatre grandes divisions (24) Iralo Siciliano, Claudel, in Il Roma11ticis1:10 /ra11ce"·~ <la Prévost ~i nostri giorni, Edit. La Goliardica, Milano, i955. (25) Le Père Vachon synthétise (p. 261) tout le problème de la «seconde naissance» (qui n'est jamais définitivement accomplie, mais toujours à refaire) dans les passages suivants : homme-femme : amour ; homme-mon::le : connaissance ; ho;cime-Eglise : action liturgique ; homme-âme-Dieu : seconde naissance . Cf. à ce propos l'Evn:>gile de Saint Jean (ch. III ) : «En vérité, en vérité je te dis que si l'on ne renaît de nouveau, on ne pourra voir le royaume de Dieu». Nous tenons à ajouter qu'à la suite de l' « illumination » de 1886 le jeune « révolté » revient au monde de sa première enfance, qui est celui de sa mère, paysanne au christianisme traditionnel, en laissant derrière lui le monde bour– geois et voltairien de son père, libre-penseur. (26) A . Vachon, o.c., p. 9. (27) A. Vachon , o.c., p. 10. (28) Cf. A. du Sarment, Lettres inédites de mon parrc.in Paul Claudel, Edit. G abalda, Patis, 1959, p. 71. (29) « Mais le grand livre qui m'é tait ouvert et où je fis mes classes, c'éteit l'Egli– se.. Je passais tous mes dimanche à Notre-Dame et j'y allais le plus souvent en semaine». Cf. P. Claudel, Contacts et circonst<:;:ces, p. 17. li y a bien sC1r quelques périodes de fidélité moins stricte, mais elles sont rares et de peu de durée, la participation au culte liturgique étant - pour ainsi dire - le point fixe de sa piété. (30) M .-F. Guyard, o.c., pp. 46 à 74. Ajoutons qu'en 1946. A. du Sarment avait déjà fait paraître un livre intitulé Claudel et la liturgie, Edit. Desclée de Brouwer, Paris.
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