BASA

Présence de Claudel 97 dont les dates, approximativement, correspondent à de « nouvelles nais– sances» : 1. Les années d'apprentissage, 1886-1895 (De Tête d'Or à L'Echange); 2. Les années d'attention, 1895-1905 (Des Vers d'exil à Partage de midi); 3. La maturité, 1907-1917 (Des Odes à La Messe là-bas); 4. Les portes de l'Eternité, 1917-1955 (Du Soulier de satin au Com– mentaire de l'Apocalypse). Ainsi, dans son premier chapitre, André Vachon étudie l'enfance et l'adolescence du poète en ayant soin de mettre en relief, d'une part les circostances qui ont contribué à donner à l'événement du 25 décem– bre 1886 son caractère de seconde naissance et d'autre part les influences qui, d'une manière ou d'une autre, seront liées à celles de la liturgie 31 . Le second chapitre est consacré aux thèmes et aux réminiscences li– turgiques qui se rapportent d'une part à l'Office des Morts 32 et à la li– turgie de novembre, 33 et d'autre part au Mystère de Pâques, 34 tels qu'ils se manifestent dans Tête d'Or et La Ville : « Conquérants ou anar– chis tes, les protagonistes (de ces deux œuvres) détruisent le monde pour ensuite le reconstruire sous la forme d'une Eglise ». 35 André Blan– chet,36 directeur de la revue Etudes, a écrit à ce sujet que, grâce au P. Vachon, «rapprochés des textes lus par Claudel dans son Paroissien, les passages les plus obscurs des premiers drames s'illuminent soudain, comme des vitraux quand donne le soleil. Et nous assistons à une vé– ritable révélation » 37 . Le troisième chapitre est réservé à la question assez complexe de la féminité: «De Tête d'Or à !'Echange, la polyvalence des person– nages féminins créés par Claudel s'explique en grande partie par la (31) Pour Claudel la liturgie synthétise l'histoire du monde (comme elle résulte d'a– près h mcien Testament ) et celle du Christ, les associant à ia nHturation progressive de la conscience individuelle. (32) Son premier contact avec le thème liturgique du Jour des Morts remonte aux cérén1onies qui se déroulaient dans le ci PE:t~ère (touchant à 1'égli~;e) de Villeneuve-sur-Fère, son village natal, lorsqu'il était un petit enfant. (33) Apù.~s sa conversion, Claudel, dont les images poétiques sont to'Jjours cohérentes et logiques, a été frappé par l'analogie entre le cycle de l'année liturgique et celui de sa propre existence: voilà pourquoi , quand il parle de sa «seconde naissance», il songe à Novembre, où tombent la fin d'une année liturgique (samedi successif au dernier dimanche après la Pentecôte ) et le commencement d'une nouvelle année liturgique (premier dimanche d'Avant). Novembre symboi;se donc, pour Claudel, la Fin aussi bien que le Commencement. (34) Sous l'influence de Mallarmé, qui prônait l' «assimilation humaine» aux évé– nements célébrés par l'année liturgique, Claudel se propose de substituer aux « passions » la Passion : dans T ête d'Or il s'inspire des souffrances du Christ, tandis que dans La Ville il développe le thème de la Hù urrection. (35) D'après la «présentation» qui figure au dos de l'ouvrage d'André Vachon. (36) De cet auteur on consultera toujours avec profit La Littérature et le Spirituel, Tome I, pp. 293-323, Tome II, pp. 297-315. (37) A. BLmchet, in Etudes, n. de mars 1965, p. 436.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=