BASA
98 L -A. Colliard fascination qu'exerça sur lui le thème liturgique de la Femme » 38 • Les textes de Claudel relatifs aux quatre sens de la femme peuvent tous être déduits des utilisations liturgiques de Pro verbes VIII , auxquelles ren– voient de nombreuses allusions dans les premiers drames (la Princesse de Tête d'Or), puis dans La Jeune fille Violain e et dans !'Echange. Femme-Sagesse-Eglise-Ame humaine 39 . De proche en proche, toute l'œuvre de Claudel, cet « affranchi de Dieu », 40 peut être ainsi considérée comme destruction et reconstruction d'un certain Espace total, « à la fois cosmologique, interhumain et ecclésial, 41 tandis que ]'expérience pascale es t au cœur de la durée et partage le temps entre un passé et un avenir. Cette idée nous vaut, de la part d'André Vachon, d 'excellents développements, par exemple sur le présent claudélien 42 et son rapport à l' aujourd'hui de la liturgie (p. 167 et suiv.) , ou bien sur la notion d'heure (p. 239 à 250) : la notion d'heure dans le Nouveau Testament, puis dans la liturgie, et spécialement dans le bréviaire, divisé en Heures ; étude du mot heure 43 dans les trois pièces de l'Art poétique; les deux faces, spatiale et temporelle, de cette notion et les composantes liturgiques de l'une et de l'autre ; le lien entre la notion d'heure et celles de connaissance 44 , de forme et de fermeture (la notion apparaît au moment précis où Claudel commence à lire le bréviaire). Ou encore sur le besoin qu'avait Claudel d'un univers-temple total, solidement construit et formé 45 • On comprend qu 'il serait trop long d'exposer et de discuter lCl le détail de ces anaiyses. Nous devons nous contenter de faire, pour finir, simplement quelques remarques sur cet ouvrage s1 riche : d 'abord (38) A. Vachon , o.c., p. 31. Nous tc~ons à souligner que pour Claudel, dont certaines schématisations théologiques sont parfois un oeu hasardeuses, la femme représente tout un monde, parce qu'elle constituerait, dans les limites précises de son corps, une unité aussi rigoureuse qu 'un temple. (39) Le même thème était d'ailleurs promis à des développements inattendus : il ins– pirera la forme particulière que prendront les catégories de temps et d'espace dans les œuvrcs de la maturité (Voir le chap. VI de l'ouvrage d'A. Vachon ). (40) Irnlo Siciliano, o.c. (41) D'après la «présentation» qui figure au dos de l'ouvrage d'l\. Vachon. (42) Les deux pôles du présent claudélien sont !'«actuel » (instant actuel ) et l'« éternel » (commencement absolu) : c'est seulement dans l'effort de transformer chaque instant de l'existence en un « Présent éternel » (seconde naissance), qu 'on peut attei ndre, selon Claudel, la plénitude chrétienne c'est-à-dire la Grâce sanctifiante. Pour plus de détails sur le temps claudélien, Cf. P. Oster, Nouvelle Revue Française, septembre 1955, pp. 470-472. (43) Sur les différentes composantes liturgiques de la notion claudélienne d'heure, qui désigne les moments de la «seconde naissance>>, Gf. P . Angers, Commentaire à !'Art poétique, Mercure de France, Paris, 1943 p. 151. (44) Aux yeux de Claudel, c'est dans chaque acte de connaissance que l'homme et le monde extérieur naissent simultanément l'un de l'autre (« Co-naissent »). (45) Si Claudel, par la logique des images, identifie l'u nivers-temple total avec la cathédrale Notre-Dame, c'est-à-dire avec ce monde à la forme close, où l'on «se retrouve comme dans un oeuf » (voire comme dans Je sein maternel), c'est pour échapper au « bagne matérialiste qui avait scellé sa dalle» sur son front. Cf. P . Claudel, Contacts et Circonstances, 1947, p. 29.
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