BASA

Présence de Claudel 99 il nous paraît que le P . Vachon, S.J., aurait dû conserver à son livre tel qu'il est paru en librairie, son titre primitif, celui que portait sa thèse soutenue en Sorbonne : La Seconde naissance. Structure liturgi– que du temps et de l'espace dans l'œu vre de Paul Claudel. (Thèse de doctorat - juin 1963). Ce titre eût été beaucoup plus révélateur du contenu et surtout de l'es prit qui anime son ouvrage. (La seconde naissnr,ce = la conversion), car « c'est la nécessité de mouri r avec le Christ pour renaître avec lui, nécessité partou t inscrite dans l'œuvre de Claudel qui confère à cette œuvre son caractère indiscutablement chrétien 46 . Ensuite, il nous semble que le P. Vachon aurait dû faire dans son étude une place plus importante à la notion de monde fermé , le monde fini, qui esr au cœur de la dialectique claudélienne du temps et de l'espace (et ainsi, le contenu de son ouvrage aurait bien plus exac– tement correspondu au titre adopté pour la publication) . Il en parle (p. 246 ), citant les phrases capitales de la fin du Traité de la co-naissance au monde et de soi-même (la seconde partie de l'Art poétique) : « L'idée d'éternité se réduit à celle d'une ferme ture par elle-même in– « frangible. Or, toute forme se déduit de cette même idée d 'une enceinte «fermée sur elle-même, et nous avons vu que rien en ce monde n'échap– « pe à la nécessité de la forme. Lors le Temps sera fermé sur nous « et le Présent en sera le centre éternel. (... ) Alors notre connaissance « sera complète comme notre forme et notre fermeture. » Il développe un peu cette idée pp . 248-250, et y revient p. 282 , mettant l'image du monde fermé en rapport avec l'espace décrit par la liturgie de la Dédicace. S'il n'y consacre pas de plus longs dévelop– pements, c'est que Claudel n 'a pas tiré cette notion proprement de textes liturgiques, mais qu'il l'a trouvée dans i'œuvre du poèëe catholique anglais Coventry Patmore 47 , avec laquelle il prit contact dès 1900 48 , lors (46) André Blanchet, in Etudes, n. de mars 1965, p. 436. (47) En toute liberté lyrique, Coventry Patmore ( 1823-1896) s'inspira de son amour conjugal (il se maria trois fo is) pour The !Inge/ in the House (1854-63), dont la signifi – cation échappa - paraît-il - aux contemporains. A travers l'amou r humain (pour lui la Femme était l'image du Paradis) , il mûrit - dirait Claudel - sa « seconde naissance» et atteignit la plénitude de l'amour divin (Rome: 1864). C'est de cet événement, ainsi que des poètes du XVII' siècle (Donne, Herbert, Crashaw, etc ... ) qu' il tira l'inspiration musicale et mystique des odes de The Unknown Eros (1877) , qui fait de lui un des plus grands poètes catholiques du XIX' siècle. (48) Dans son essai De Patmore à Claudel, Revues de Littérature Comparée, XXXIII (1959), pp. 500-517, M. Marius-François Guyard a prouvé que Claudel a connu dès 1900 The Unknown Eros et qu'i l a commencé a en traduire certaines odes dès cette époque, et donc avant 1905, date qui marquerait , d'après André Vachon (p. 271), le « début de la traduction des poèmes de C. Patmore ». L'année 1900 est aussi confirmée par la lettre inédite, dont nous allons reproduire un passage important, avec l'autorisation de notre ami , M. Marcel Troulay, qui vient de b découvrir.

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