BASA
124 D. Daudry nue avec tant de courage contre la puissance avide et brutale des Romains envers eux. Votre Commission a donc cru à propos de donner à une loca– lité une dénomination qui rappelât et perpétuât le souvenir de ces terribles et industrieux habitants de nos Alpes, ainsi que de leur ville à la quelle la tradition générale donne le nom de Cordèle et que cette même tradition place à Saint-Martin-Corléan, près Aoste, ou aux Aymavilles, ou à Pré-Saint– Didier, dans une région qui conserve encore actuellement le nom d'Amas de Cordèle. Elle vous propose ainsi d'appeler rue Cordèle la rue qui du faubourg Saint-Etienne conduit à Saint-Martin-Corléan et d'appeler le faubourg Saint– Genin faubourg Salasses. Elle a cru qu'aucune autre localité ne se prêtait mieux à cette dernière dénomination d'autant plus que c'est là que plus tard nos ancêtres, détérminés eux aussi à se défendre à outrance contre toute invasion, y ont établi le premier jeu de l'arquebuse, qui y existe encore aujourd'hui, et qu'il est à présumer que c'est de ce côté de la Vallée que les Salasses se sont retranchés contre la puissance envahissante des Romains qui devaient nécessairement agir du côté opposé. Relativement à l'époque romaine l'on se [89v] trouve bien moins em– barassés pour rappeler le souvenir de leur domination dans ce pays. Car les Romains successivement vaincus par les Salasses et vainqueurs de cette peuplade héroïque, nou s ont laissé tant de monuments de leur empire, de leur grandeur et de leur puissance, qu'au dire de notre illustre compatriote M. le chanoine et prieur Gal, un savant archéologue étranger au pays, s'est exprimé ainsi, en parlant de notre antique cité : « Si nous exeptons Rome seule, aucune autre cité d'I talie ne nous présente certainement des monuments aussi remarquables que ceux d'Aoste». MM. les chevaliers Promis et Aubert s'expriment de la même manière à ce sujet. M. Jules Bonnet nous dit que « l'histoire d'Aoste est, pour ainsi dire, gravée dans les monuments qui couvrent son sol depuis la capitale de la celtique tribu des Salasses, luttant héroïquement contre Rome, jusqu'à la cité rebâtie par Auguste, successive– ment occupée par les Burgondes et les Lombards, conquise par Charlemagne, puis incorporée aux domaines des comtes de Savoie dont elle est un des plus antiques apanages. » M. le chevalier et prieur Gal nous dit ailleur, dans son Mémoire que « Aoste a un avantage [ 90r ] sur toutes les villes de l'Europe et même sur la capitale du monde chrétien, c'est celui de pouvoir montrer les remparts du siècle d'Auguste, qui forment encore son enceinte ». Motif qui doit nous engager à les conserver religieusement dans l'état où ils se trouvent encore et de ne jamais plus y laisser porter la moindre atteinte. Déjà Charles-Quint et la régente Marie-Christine avaient voulu empêcher la continuation des <légats de nos monuments. Charles-Quint avait même manifesté l'intention de les relever, à ses propres frais et de fortifier de nou– veau la ville. Il avait déj à, dans ce but envoyé sur les lieux le gouverneur de Milan, D. Ferrante Gonzaga. Mais soit qu'il rencontrât une opposition d'intérêt particulier dans le pays, soit que son attention en ait été détour– née par des affaires d'une autre importance, les choses en restèrent là et les dégâts ne cessèrent pas encore. Il appartenait à la régente Jeanne-Baptiste, à qui notre jeu de l'arquebuse doit une dotation assez considérable, d'obtenir un meilleur résultat, et voici comment s'exprime M. le chevalier Promis en
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