BASA

Ancienne toponymie d'Aoste 129 de Palais, acquis et dispo'.;é pour ce:a en 1265 par le comte Pierre et servant actuellement de prison. Le local où se réunirent le plus longtemps nos Etats Généraux fur le couvent de Saint-François. Au devant de l'église de ce couvent a puis été élevé l'Hôtel des Trois Etats, et sur leur emplacement se trouve mainte– nant notre Hôtel de ville et la place Charles-Albert qui a été agrandie et ainsi appelée [96r] lors de la démolition du couvent de Saint-François et de la construction de cet Hôtel de ville. C'est là qu'ils s'assemblèrent le plus solennellement en deux circostances différentes, c'est à dire à l'occasion du passage de Calvin dans cette Vallée et à celle de la rédaction par écrit de nos coutumes. Le passage de Calvin dans le Val d'Aoste fut pour ce pays une tentative de ré·volution religieuse et un moment cL crise politicpe. Les Etats Généraux s'assemblèrent alors avec une soler.ntié toute particulière dans le verger du couvent de Saint--François en présence de l'évêque Pierre de Gazin, du comte René de Challant, maréchal de Savoie, et du bailli Mathieu de Lostan, et prirent les mesures les plus sévères pour empêcher la réforme de s'y étabiir. Cet évènement qui a failli changer les destinées du pays a été di– versement apprécié à un haut dégré d'intérêt par les écrivains. M. le comte Sclopis, dans son Histoire des Etats Généraux du Piémonr et de la Savoie, a dit, en parlant du rôle de nos Etats Généraux en cette circostance : « Ces Etats donnèrent d'éclatantes preuves de leur ferme at– tachement à la religion catholique et de leur fidélité au souverain, lorsque dans l'assernblée du mois de février 1536, ils s'opposèrent [96v] energiquement à la propagation de la doctrine calviniste, et Calvin lui-même, qui s'était sûrement introduit dans cette ville pour y répandre l'hérésie et entraîner les habitants dans une alliance avec les cantons protestants de la Suisse, vit ses efforts déjoués et dut s'enfuir précipitamment ». D'un autre côté M. Jules Bonnet, éditeur des lettres de Calvin carac– térise ainsi l'évènement du passage du réformateur dans cette Vallée : « A l'extrémité de la vallée du Léman, aux lieux où le Rhone tire en bouillonant du lac les eaux plus pures que le ciel, il est une cité qui s'honore d'avoir reçu Calvin, comme Aoste s'honore de l'avoir repoussé. La quelle peut se flatter d'avoir eu la meilleure p::iït ? Genève n'était, avant les jours de réfor– mation qu'une bourgade ignorée des Alpes. Elle est devenue la capitale d 'une religion, la métropole d 'églises sans nombre, un des foyer de la science, un des asiles de l'esprit humain, et quelles que soyent les vicissitudes que l'avenir lui réserve, son nom ne périra pas. Aoste a gardé sa foi, et s'en– veloppant de son serment comme d'un suaire, elle a repoussé toute innovation, maudit tout progrès, pour s'isoler au milieu de ses ruines, trop heureuse de nos jours si le souffle des révolutions [97r] et le reveil de la liberté la tirent du léthargique sommeil dont elle dort depuis trois siècles ! Les cités ont aussi leurs destinées : Habent sua fata ! ». Ce n'est pas ici le cas d'examiner le jujement sévère de M. Jules Bonnet, mais en laissant de côté le champ des appréciations, nous est-il permis de croire, comme il est dit d~c;1s le Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme Français, année 1860, que « Le jour où Calvin franchit les Alpes , et où toute velléité de reforme politique et religieuse fut étouffée

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