BASA
330 R. Villard De Tboire Nous y découvririons également le profond sillon creusé, au Sud-Est de la chaîne du Mont-Blanc, par le passage de la Doire Baltée, et lui faisant pendant sur l'autre versant du Mon-Blanc, en direction du Nord– Ouest, la vallée encaissée et sinueuse de l'Arve entre Chamonix et Ge– nève ; au Nord-Est, c'est la vallée du Rhône, le torrent qui deviendra fleuve, tandis que le versant Ouest de notre chaîne est profondément buriné par les incisions qu'y ont pratiquées l'Arc et l'Isère. Tel est le théâtre de nos investigations ; ajoutons-y, pour être précis, car en prenant de la hauteur on découvre une infinité de détails , ces passages que l'on distingue par-dessus l'arête rocheuse, auxquels les hommes ont donné pour noms le Grand et le Petit-Saint-Bernard, le Cenis, le Genèvre, le Simplon, ainsi que nos deux cités : Aoste, maîtresse de sa vallée, et Genève au confluent de l'Arve et du Rhône, à l'extrêmité de son lac, ce qui nous permettra de vérifier l'axiome énoncé par Napoléon : « La politique d 'un Etat se trouve dans sa situation géo– graphique ». Mais ne devançons pas l'histoire ! Le site, que les Ligures, probablement, appelèrent Gen-ava, dut rapidement s'imposer dans les cheminements humains, servant « de pas– sage ou d'étape à presque tous les peuples dont les migrations et les mouvements remplissent la préhistoire de l'Europe centrale » (David Viollier : Etude sur les fibules de l'âge du fer trouvées en Suisse. 1907 ), et, ajoute le recteur Antony Babel, « bien des groupes humains qui er– raient à travers l'Europe ont passé dans la région genevoise » dès les temps de la préhistoire (Antony Babel : Histoire économique de Ge– nève. 1963). Sans nous attarder plus longuement à ces âges lointains, remarquons cependant que, dès le Magdalénien, le site genevois a vu l'occupation humaine. Plus tard, au début du néolithique, et certainement vers 3000 ou 2800 avant JC, la rade de Genève a accueilli une cité lacustre qui prit une grande extension . On sait qu'un débat très vif s'est institué ces dernières années au sujet des palafittes, et que certains savants de nos jours nient radi.::a– lement l'existence d'agglomérations lacustres. Remarquons cependant que cette audacieuse théorie est incapable de fournir une explication plausi– ble à la présence dans la rade de Genève, de quelques milliers de pilotis de l'âge du bronze, qu'un abaissement du plan d'eau du lac à &on niveau le plus bas que l'on puisse imaginer, ne mettrait pas à sec. Cette station lacustre, qui a du reste livré aux chercheurs un abondant matériel, a bientôt formé une vaste agglomération rejoignant les deux rives du lac, et s'étendant jusqu'à la renaissance du Rhône à l'endroit où une île en facilite le franchissement. Certains ont estimé que, dans sa plus grande extension , cette cité lacustre pouvait avoir abrité jusqu'à cent mille âmes ... Ce qui semble à tout le moins assuré , c'est que le pont du Rhône
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