BASA

332 R. Villard De Thoire de Genève était fermé, la route du Midi barrée ; la migration des Hel– vètes s'orienta vers le Nord-Ouest. On sait comment, quelques mois plus tard, ils furent défaits par les Romains à Bibracte et contraints de regagner leur pays. A Genève, le vieux pont gaulois fut reconstruit, avant d'être rem– placé vers la fin du Hème siècle par un pont romain. Si je me suis attardé, Messieurs , sur cet événement, c'est qu'il démontre bien l'importance unique de ce passage du fleuve. Ayant en effet échoué à Genève, les Helvètes s'étaient vu contraints de modifier leur itinéraire et, par un long détour qui leur fit franchir la Saône dans la région de Mâcon, tenter d'atteindre les terres convoitées du Sud-Ouest en traversant le Massif central. Qui dit pont, dit routes ! Indépendamment de la présence du pont du Rhône, la position de Genève par rapport aux grandes voies de communications de l'Europe centrale et occidentale était excellente ; elle s'était même améliorée, remarque M. Antony Babel, depuis la conquête romaine. En effet, depuis la soumission des Allobroges aux Romains , en 120 avant JC, les Alpes avaient cessé d'être une frontière et étaient devenues une articulation. Leurs passages, déj à fort importants, ont vu leur rôle grandir. Le trafic de Rome et de l'Italie avec la Gaule, l'Helvètie et les confins de la Germanie, se faisait essentiellement par les cols alpins. Si Genève bénéficiait de l'apport du Petit-Sant-Bernard, il est évident que l'itinéraire le plus employé entre Genève et Aoste était celui du Mont-Joux, du Grand-Saint-Bernard. Rome en avait fait un passage de grande valeur, et vous savez mieux que moi, Messieurs, tous les tronçons de routes impériales subsistant sur votre territoire. Mais Genève était un carrefour et non pas un point d'aboutissement de routes : celles arrivant du Sud se prolongeaient vers l'Ouest, vers le Nord et vers l'Est, à travers les chaînes du Jura et le plateau suisse pour gagner Lyon, la Bourgogne, la vallée du Rhin, la Germanie et les pays danubiens . Une route importante partait de Genève en direction de Grenoble et avait des embranchements vers le Petit-Saint-Bernard, tandis que le Rhône lui-même était navigable de la mer à Seyssel, d'où une route de charge rejoignait Genève . Du reste, « il ne faut pas se laisser tromper par les itinéraires qui, de nos jours, sont les plus rationnels : ils peuvent être fort différents de ceux qui ont été pratiqués dans l'antiquité. D'après !'Itinéraire dit d'Antonin (Ille siècle), le voyage de Milan à Strasbourg s'établit ainsi : Milan, Aoste, le Petit-Saint-Bernard, Bourg-Saint-Maurice, Moutiers, An– necy, Genève, Nyon, Orbe, Pontarlier, Besançon, Vieux-Brisach, Stras– bourg» (A. Babel, op. cit.). Par contre, soyons prudents devant l'af.

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