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Genève et Aoste 333 firmation de Camille Jullian qui ne craint pas de dire que les cols les plus élevés des Alpes étaient utilisés en hiver, même le Grand– Saint-Bernard... L'histoire. Il apparaît maintenant, Messieurs , que cette esquisse cavalière com– mencée au pas va se poursuivre au trot et probablement se terminer au galop, tant le chemin à parcourir est encore généreux en aperçus de tous genres. Après vous avoir montré succintement l'importance de ce carrefour de Genève dans le trafic de l 'Europe occidentale, et la situation privi– légiée d'Aoste au point de convergence des deux grandes voies qui cer– nent la chaîne du Mon-Blanc ... auxquelles on doit dorénavant ajouter cette troisième voie, directe, qui franchit en tunnel le plus haut massif alpin, jetons un coup d'oeil, cavalier lui aussi, sur les cheminements histori– ques des régions qui nous intéressent. Vous me permettrez de ne pas avoir l'outrecuidance de vous rap– peler les grandes dates de l'histoire du Pays d'Aoste, mais remarquons néanmoins qu 'après avoir été romaine, comme Genève le fut également, votre région suivit les destinées de ce second royaume de Bourgogne qui s'étendit à toute la vallée du Rhône. Aux alentours de 1025, alors que cette «Lotharingie » avortée s'éteignait, Humbert aux Blanches-Mains, ancêtre de la maison de Savoie, devint comte d'Aoste. Votre Pays allait dès lors suivre les destinées parfois tourmentées et parfois glorieuses de cette maison, pour être finalement incorporé au Royaume d'Italie lors de sa proclamation, le 17 mars 1861 si je ne fais erreur. Neuf mois plus tôt, le 14 juin 1860, la Savoie était devenue française : une frontière vous séparait dorénavant de tous vos frères de langue. Mais, ne brûlons pas les étapes. L'extinction, en 1032, de la dynastie rodolphienne, allait donner libre cours aux luttes féodales. Elles furent particulièrement violentes autour de Genève et dans la ville elle-même. Quels en furent les acteurs ? S'ils étaient peu possessionnés dans la cité, les comtes de Genève occupaient cependant une position prépondérante dans la Savoie du Nord et en Suisse romande, mais ils eurent d 'emblée à démêler avec le comte de Maurienne, et d'Aoste, qui, mieux inspiré que Gérold de Genève, avait immédiatement adhéré au parti de l'empereur, héritier de Rodolphe III. La lutte allait durer quatre siècles , mais force nous est de le recon– naître, les Savoie eurent une politique et un sens de la continuité qui firent gravement défaut aux princes de la maison de Genève, et, tandis que celle-ci s'amenuisait à chaque génération, on constate en regard l'ascension continue de la dynastie humbertine.