BASA

334 R. Villard De Thoire Plaçons encore sur ce jeu d'échecs , à côté de comparses comme les barons de Faucigny ou les dauphins de Viennois qui quitteront bientôt la scène, un autre pouvoir souverain, érigé dans Genève même : celui de l'Evêque, prince en sa ville par la volonté de l'empereur, mais dont le vaste diocèse qui s'étendait du sommet du Mont-Blanc au Jura et aux rives nord du Léman , (bordé par les diocèses de Lausanne, de Sion, Aoste, Tarentaise, Maurienne et Grenoble vers le Sud, Belley à l'Ouest et Besançon au Nord) relevait au temporel d'une infinité de seigneurs féodaux au milieu desquels les Savoie allaient se tailler le domaine que l'on sait, poussant jusqu'à Fribourg et prenant même Berne sous leur protection. A la fin du XIIème siècle le domaine de ceux-ci s'é tend à la Mau– rienne, au Pays d'Aoste, au Chablais valaisan et lémanique ; ils s'intitu– lent comtes de Savoie et marquis de Turin . Le Grand et le Petit Saint– Bernard sont entrés dans leurs possessions : ils sont les gardiens des cols alpins. Il était tout naturel qu'après avoir assis leur souveraineté sur ces passages qui contrôlaient quasiment tout le trafic entre la péninsule et les pays du septentrion, les comtes de Savoie étendissent leurs regards vers Genève, cette cité qui était en quelque sorte le verrou donnant accès, d'une part aux routes des vallées alpines , et de l'autre à la péné– tration dans tout l'Occident. Cet objectif, la possession de Genève, devait s'inscrire plus impérieusement encore dans les buts de la dynastie quand elle eut étendu sa souveraineté sur le Pays de Vaud, la Bresse et le Bugey, et reconnaissons que son accomplissement eut couronné l'oeuvre de ces rassembleurs de terres. Malheureusement, dès la succession d'Amé– dée VIII ce fut la décadence, et les ducs de Savoie qui, jusqu'alors s'étaient fait les alliés des citoyens de Genève, allaient en un siècle terriblement tourmenté perdre tous leurs avantages dans la cité et dresser irrémédiablement contre eux la Communauté dont ils avaient pourtant favorisé la naissance et le développement. Changeant radicalement de politique vis-à-vis de Genève, les ducs qui se succédèrent de Louis Ier à Charles III tentèrent de s'emparer de la souveraineté de la cité en faisant élire sur le trône épiscopal une suite d'évêques qui, s'ils n'étaient pas eux-mêmes des Savoie (comme Félix V après qu'il eut résilié la tiare, comme Pierre de Savoie, et Jean-Louis, et François, et Philippe, et Jean , bâtard de Savoie) en étaient géoéralement les créatures et les obligés. Ainsi, très sensiblement , l'indépendance de Genève glissait, par le canal de !'Evêché, dans la dépendance de la maison ducale. Mais la faiblesse du dernier prince-évêque , le velléitaire Pierre de La Baume , l'insigne maladresse du duc Charles III , la hardiesse des citoyens de Genève dorénavant soutenus par Berne et Fribourg qui s'étaient dis– tancées des princes de Savoie, et enfin l'accession de l'affaire de Ge-

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