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338 R. Villard De T hoire qu'ils percevaient sur le trafic vers Genève constituaient une paft im– portante de leurs revenus . Il en ira encore de même plus tard quand les foires auront ce;;sé d'exister, quand les relations seront très tendues entre la jeune Répu– blique protestante et ses voisins, mais que le trafic commercial n'aura pas diminué pour autant dans la nouvelle configuration politique èe la région où le roi de France aura succédé au duc de Savoie sur les terres de la rive droite du Rhône ·- le Bugey, la Bresse... - favoi:i sant ainsi la sauvegarde de la jeune indépendance genevoise. Dans ses « Recherches sur le commerce de Genève au XVIIe siè– cle», Mlle Anne-Marie Piuz démontre que l'espace économique genevois s'étend à toute la région lémanique occidentale, à la Bourgogne, au Pays de Gex, à la Savoie, à la vallée d'Aoste et au Valais. Au-delà de ce qu'elle appelle la « banlieue genevoise », le commerce régional est animé par des marchands où ceux de la vallée d'Aoste sont particulièrement actifs, tandis qu'à Genève même les « grossistes » se répartissent les différentes régions. Pour la seule année 1680 on ne compte pas moins d'une dizaine de marchands genevois - alors que la population de la ville n'atteignait pas 16.000 habitants - inscrits comme fournisseurs du commerce régional de votre vallée, et les relations se sont développées à un tel point, en cette fin du xvnc siècle, que le 23 juillet 1691 Victor-Amédée II, gui sera le premier roi de la dynastie, délivre à deux Genevois , Lullin et Camp, une concession pour l'établissement d'une « diligence royale » hebdomadaire à travers le Grand-Saint-Bernard, re– liant par Aoste Genève à Turin . Hélas ! il aura fallu l'apparition des premiers grands moyens de communications modernes, les chemins de fer , pour que, aussi paradoxal que cela paraisse, Aoste soit confinée dorénavant dans l'isolement. Horace– Bénédict de Saussure avait bien préconisé, au siècle précédent, le perce– ment du Mont-Blanc et l'aménagement d'une « voie charretière » : il aura fallu attendre cette année 1965 pour que cette voie nouvelle soit enfin ouverte au trafic, et il nous plaît de penser que Genève, bien qu'elle n'appartint pas à l'une ou l'autre des nations qui commandent souverainement les entrées de cette oeuvre grandiose, a participé de fo– çon très tangible à sa réalisation. Ainsi, les grands courants qui se sont développés au cours des âges entre nos deux cités peuvent-ils reprendre. Comme le dit M. Louis Armand, nous allons au devant « d'une svm– biose nouvelle ». Mais mon propos n'est pas de faire de la prospect-ive, sinon de marquer que le présent est très riche de virtualités, ne serait-ce que par la qualité de l'émigration valdôtaine à Genève et de celui qui en est l'infatigable animateur, notre collègue Monsieur Livio Brédy. Dans son « Histoire économique », le recteur Antony Babd nous apprend qu'avant la Réforme, c'est à Genève que s'imprimaient la pl upa;t des ouvrages en français destinés à la Vallée d'Aoste.
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