BASA
Monsieur le Président, 1 Messieurs les membres du Jury, Mesdames, Messieurs, Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi, à mon âge, j'ai décidé de m'inscrire à votre célèbre Faculté des Lettres et de préparer une thèse de Doctorat sur PAUL CLAUDEL poète-traducteur et poète traduit. 2 En tant que valdôtain, appartenant au groupe ethni– que de langue française, je me suis rendu compte de la né– cessité d'étendre et d'approfondir l'étude de votre civilisa– tion et de votre littérature, et de parfaire mon rude fran– çais, qui a été la langue de mes ancêtres, la langue de ma famille, ma langue maternelle, la langue que des gouverne– ments autoritaires ont banni de chez nous , parce qu'ils pra– tiquaient un nationalisme étroit et farouche. Permettez-moi d'affirmer à ce propos qu'après la per– sécution religieuse il n'est peut-être pas d'ostracisme plus ignoble, plus néfaste, plus sacrilège que celui qu'on décrète contre la langue d'un peuple. Oui, crions-le bien fort, avec Maxime Durand, champion de la défense du français en Vallée d'Aoste : « 1a langue d'un peuple est sacrée ». 3 En paraphrasant les versets 5 et 6 du Psaume 136, (1) Texte du discours prononcé par Monsieur Colliard, le 14 dé– cembre 1968, à !'Amphithéâtre Stendhal de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Grenoble. (2) Cette étude a été réimprimée, en dêcembre 1968, par la « Li– breria Universitaria Editrice » de Vérone, Via dell'Artigliere, 17. (3) MAXIME DURAND (Président de l'Académie Saint-Anselme d'Aos– te), La guerre ouverte et sournoise contre notre langue depuis 1860, Imprimerie Valdôtaine, Aoste, 1953, p. 1.
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