BASA

38 L.-A. Colliard tion mallarméenne de la poésie dont l'objet est celui de dé– cripter le monde, la volonté mallarméenne de donner au son poétique un son et un poids tout à fait insolites. Faut-il faire grief à Claudel d'avoir laissé imprimer des traductions non exemptes de fautes ? Non sans doute, dans la mesure où elles ont été rédigées pour son plaisir et pu– bliées dans des revues , à la demande de ses amis, et sans profit pour lui. Tout au plus, pourrait-on lui reprocher de n'avoir pas revu ces traductions lorsqu'elles ont été réunies en volume . Plus regrettable peut-être apparaît parfois sa volonté, souvent gratuite, d'archaïsme et d'hermétisme, que lui re– prochait son ami Francis Jammes, dans une lettre confiden– tielle à Larbaud : « Vous savez quel admirateur je suis de Claudel, mais vraiment ni dans cent ans, ni maintenant, cette traduction ne sera claire. Je suis désolé, j'aurais voulu lire Patmore. Et je ne l'aperçois que dans la brume, avec çà et là une ruisselante azalée, qui me donne davantage envie de le con– naître. Cette traduction est mauvaise. C'est sûr. Que n'a-t-il employé une langue compréhensible, telle que celle des Joujoux ou de L'Otage ? ». * * A propos de la traduction de L'Otage, Claudel revien– dra sur les problèmes que pose la traduction d'un écrivain de génie : « Je ne tiens pas - écrit-il à Pierre Chavannes, son conseiller littéraire pour l'anglais - à l'exactitude, si de mon texte sort en englais quelque chose de réellement vivant et existant par lui-même, et non pas un spectre décoloré ». Or Claudel avait lui-même appliqué ces principes dans ses traductions de Patmore, où l'on retrouve les caractéris– tiques du style claudélien (par exemple, certaines phrases

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