BASA
Discours prononcé à Grenoble 39 sans verbe), si bien que nous n'avons plus affaire vraiment à Patmore, ou du moins ce Patmore est tantôt plus hermé– tique et plus doctrinaire, tantôt plus vigoureux, plus lyri– que, plus évocateur que le poète victorien. Celui-ci n'a pas été trahi, mais plutôt régénéré. Ce ne sont pas les admi– rateurs de Claudel, dont nous sommes, qui s'en plaindront. Mon étude explique aussi les raisons du mécontente– ment de Claudel à propos de la traduction de L'Otage réa– lisée par Pierre Chavannes (pseudonyme de Léon Marchand): celle-ci, trop littérale et trop lourde, ralentissait et affadis– sait le rythme de la pièce. Peut-être, le poète français au– rait-il encore moins apprécié la traduction d'Alice Meynell qui, quelques trouvailles mises à part, édulcorait un peu le drame, nivelant les archaïsmes, la recherche, le pittores– que, la vigueur, le lyrisme, au point de la rendre presque méconnaissable. Non moins qu'une rencontre manquée, c'é– tait - à mon sens - une rencontre imposûble entre deux poètes au génie et au tempérament tout à fait différents. Pour conclure, je dirai, à propos de l'ancienne querel– le qui a toujours été au centre des problèmes rencontrés par le traducteur d'oeuvres poétiques, que nous sommes maintenant davantage en mesure de discerner les deux écueils qui menacent le poète traducteur de poésie. Ou bien il risque d'affadir son modèle, comme l'a fait Alice Mey– nell; ou bien il lui donne une orientation et peut-être une vigueur nouvelle, comme l'a fait Claudel. En effet, si Clau– del n'a pas trahi Patmore, du moins l'a-t-il transformé au point de lui prêter une personnalité qui est un peu un re– flet de la sienne. ,, * Si vous m'accordez encore quelques instants, je résu– merai ainsi ce qu'apportent en particulier mes recherches à la connaissance de Claudel lui-même et de Claudel en rap– port à la littérature anglaise, à savoir : a) découverte de deux ou trois lettres inédites de Paul Claudel;
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