BASA
112 J. Godel ... et le point d'arrivée. Transportons-nous maintenant en 1800 quelques semai– nes après le coup d'Etat de Brumaire: qu'est devenue en douze ans l'Eglise dont les curés avaient rêvé ? Elle est de– venue une ruine. - Ruine matérielle: elle a perdu tous ses biens vendus ou réquisitionnés et les églises paroissiales ou les presbytères qui devaient rester en dehors de cette immense mutation de propriété ont été entraînés dans le mouvement: par exem– ple, à Grenoble, St-Louis est un dépôt de munitions, St-Jo– seph une grange. Les curés sont bien devenus fonctionnaires comme ils le souhaitaient, mais ils ne perçoivent que très mal un traitement devenu dérisoire par la banqueroute des 2/3: c'est la misère. - Ruine morale: le corps ecclésiastique a littéralement éclaté dans cette épreuve aux dimensions bibliques: ils é– taient près de 2.000 en 1790 dans le département de l'Isère, prêtres séculiers ou religieux; losqu'en 1804 ils seront en état de se compter, ils ne seront pas 600 à reprendre du ser– vice. Près de 650 étaient morts, 300 s'étaient sécularisés, mariés ou non, 250 fatigués moralement et physiquement n'étaient pas capables de reprendre du service. Voilà ce qu'é– tait devenu le clergé le plus respectable et le plus solide de l'Eglise catholique. Bien plus, depuis 1790 il n'y avait pas eu d'ordinations et en 1809, l'évêque n'aura ordonné que 9 prê– tres; pendant 20 ans, les corps ecclésiastique ne s'est donc pas renouvelé et la pyramide d'âge du clergé fait apparaître un grand vide entre 25 et 45 ans. Ruine morale plus grave encore: ces prêtres jadis unis, sont aujourd'hui divisés et les fidèles avec eux; d'un côté les réfractaires: presque tous a– vaient prêté le serment à la constitution civile du clergé, mais ils s'étaient rétractés et ils ont pour eux l'auréole de la ré– sistance; de l'autre côté, les constitutionnels avaient prêté tous les serments et les avaient respectés; aujourd'hui, se sen-
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