BASA

116 J. Godel au Concordat ... et nous renonçons aux principes du schis– me». La lenteur des communications empêcha la crise de s'étendre à tout le département, mais elle fut très vive à Grenoble où de nombreux prêtres s'étaient rassemblés. Le préfet et le gouverneur de la garnison, le général Molitor, s'interposèrent pour trouver une solution honorable dans une nouvelle formule où il n'était plus question de schisme ou de rétractation. Une deuxième méthode employée par Bona– parte était l'amalgame qui consistait à faire travailler dans les mêmes administrations, voire dans les mêmes bureaux des royalistes, des jacobins et des gens du « marais ». La pré– fecture de l'Isère en était un bon exemple: le préfet avait été novice bénédictin et jacobin, un conseiller de préfecture avait été vicaire général d'Embrun, un autre, conseiller au Parlement de Grenoble. Le sous-préfet de Vienne, Hilaire, avait été un fervent persécuteur de l'Eglise, ceux de St-Mar– cellin et de la Tour-du-Pin avaient été des modérés . Pour l'Eglise, Bonaparte pratiqua de même: il exigea du Pape com– me condition «sine qua non» de l'application du Concordat qu'il y eût dans le nouvel épiscopat, à côté des prêtres de second ordre qui seraient promus, des évêques constitution– nels et réfractaires. Le cas de l'Isère est encore significatif: Reymond, le constitutionnel, fut nommé évêque de Dijon, d'Aviau du Bois de Sanzay, archevêque de Vienne, réfrac– taire, fut nommé à Bordeaux. Les évêques devaient en faire autant avec leurs prêtres et, pour en être sûr, Bonaparte leur avait indiqué les proportions de l'amalgame: un vicaire gé– néral sur deux et un curé sur trois devaient avoir été consti– tutionnels. L'approbation gouvernementale nécessaire à l'exé– cution des nominations ne serait donnée qu'après une vérifi– cation faite par le ministère des Cultes. L'évêque respecta ces \ntentions, mais en apparence seulement, car il s'arrangea pour nommer, face aux fortes personnalités réfractaires, des constitutionnels de second plan. Enfin, un autre moyen au– quel Bonaparte croyait beaucoup, et non sans raison, si on en juge par les réactions des participants, consistait à mélan-

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