BASA

120 J. Godel tir sur des bases nouvelles. « Ce massacre de tout un épis– copat » pour reprendre une expression de Consalvi, secré– taire d'Etat, était sans exemple dans l'histoire de l'Eglise. Des évêques en exil, des prêtres, des fidèles refusèrent cette décision au nom de la succession apostolique des évêques et au nom de la collégialité apostolique: une telle décision n'aurait pu être prise, disaient-ils, qu'en assemblée conciliaire, car selon les gallicans, le concile universel est supérieur au Pape. Trop peu nombreux, soigneusement pourchassés par la police, ces protestataires ne purent mettre en péril l'Egli– se concordataire: ils furent contraints de s'organiser en sectes qui portèrent des noms divers dont le plus répandu fut celui de « Petite Eglise ». Dans l'Isère, l'ancien évêque de Grenoble, Dulau d'Allemans, qui s'était réfugié en Autri– che, hésita à donner sa démission, mais la mort vint le saisir en 1802 'avant qu'il ait pu donner une réponse définitive. Du coup, à Grenoble, la Petite Eglise manquant d'un évêque ne fut qu'un organe témoin groupé autour de l'abbé Darier– Roy, ancien vicaire à la Mure; dans le canton d'Heyrieux, une importante communauté vivait en dépendance de la Pe– tite Eglise de Lyon: elle existe encore aujourd'hui. C'est ain– si que le Concordat contribua à .faire entrer le Pape dans l'Eglise gallicane. Napoléon tenta bien de l'en faire sortir en 1809, mais l'évolution ultramontaine était commencée, le clergé avait réellement accepté la présence du Pape pour tout ce qui touchait au spirituel ou à l'unité de l'Eglise. Pourtant, à mon avis, ce n'est pas en faisant du Pape le négociateur privilégié du Concordat que Napoléon avait le plus favorisé l'ultramontanisme: car le mouvement était déjà commencé par la prise de conscience qu'avait faite l'Eglise de France au cours de la Révolution. L'action de Napoléon se situe ail– leurs: l'ancienne France était caractérisée par une très gran– de richesse du tissu politique et social. Les fils verticaux du pouvoir royal centralisateur rencontraient sans cesse les fils horizontaux des corps intermédiaires: Etats provinciaux, Parlements, corporations, coutumes et traditions variées. Pour