BASA

124 J. Godel dont l'influence fut si durable et profonde que l'Eglise de France en était encore profondément marquée au milieu du xxe siècle. 3) Napoléon a beaucoup emprunté au passé et on pour– rait presque lui reprocher de manquer d'originalité: aux rois de France il a emprunté leur autorité sur l'Eglise, au clergé de second ordre quelques unes de ses grandes revendications à la veille de la Révolution. Ce n'est d'ailleurs pas sans rap– peler ce qui s'est passé pour d'autres institutions, telles que le Code Civil qui avait été décidé et mis en chantier par la Constituante. L'apport personnel de Napoléon semble se si– tuer dans le durcissement avec lequel il a repris ces anciennes positions: Napoléon est un latin, pétri d'ordre et de droit. C'est le même esprit qui a présidé à la réorganisation de l'E– glise et à la rédaction définitive du Code Civil: le droit l'a emporté sur la vie, l'administration sur la mission. 4) Enfin, là comme ailleurs, l'action de Napoléon sem– ble marquée d'une profonde ambiguïté: il fut à la fois un conquérant et celui qui répandit à travers l'Europe les idées de liberté de la Révolution, quitte à ce qu'elles se retournent contre lui. Pour l'Eglise, il a été celui qui l'a fait renaître et qui en même temps a failli l'étou.ffer dans la rigueur de sa lo– gique plus que de son despotisme. C'est cette ambiguïté qui eX'plique les jugements souvent contradictoires que les histo– riens ont porté sur l'homme et l'oeuvre. C'est ce qui expli– que aussi que le clergé concordataire après avoir loyalement servi Napoléon l'ait abandonné et se soit rallié avec joie à Louis XVIII. Pour nous qui voyons les choses avec le recul et la paix de l'histoire, il nous est plus facile d'accepter cette ambiguïté et même, ne pouvons-nous pas dire que c'est à cause d'elle qu'il nous semble plus humain dans sa grandeur, donc plus proche de nous ?

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