BASA
Le souvenir de la grande lutte entre la Révolution et l'Eglise, et puis de celle entre Napoléon et Pie VII, hantait encore les consciences religieuses au moment de la naissance de l'Etat national italien; et lorsque Cavour déclarait à la Chambre des députés du nouveau royaume que Rome devait devenir la capitale de l'Italie nouvelle, l'Europe craignait en– core de voir le pape retomber dans les mains d'un geôlier. Tout se tient, dans l'histoire de l'Eglise du XIXe siècle et il faut remonter à la crise révolutionnaire européenne de la fin du XVIIIe pour comprendre Pie IX et Cavour. Face à l'attaque du jacobinisme, la pensée catholique a– vait réagi en fuyant vers le passé: il suffit de connaître l'in– fluence du « primitivisme » de Joseph de Maistre, c'est-à-dire son apologie d'une tradition religieuse primitive, souillée par la révolte satanique de l'esprit révolutionnaire, qui aurait ré– pété et multiplié, pour ainsi dire, le défi des pères de la Ré– forme et du Hbre examen, pour le constater. A partir de ces idées , on arrive aux doctrines théocratiques harmonisées a·vec les ~héories du légitimisme, dans les premières années de la Restauration, entre 1814 et 1820, lorsque De Maistre publie ses derniers pamphlets, « Du Pape » et « De l'Eglise galli– cane ». Les théories de Bonald, de Haller, de Lamennais a– vant 1830 parcourent des chemins parallèles. Toutes ces doc– trines contre-révolutionnaires et ultramontaines, comme on disait en France, visaient à une réhabilitation de la « monar– chie » pontificale dans l'Eglise, et d'une autorité considérée comme infaillible, dans la société, qui aurait dû retrouver le sens du sacré, mais par des moyens par trop politiques, en
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