BASA

Le cas de conscience des Catholiques 129 toujours encore sous un aspect jacobin. Nous n'avons d'ail– leurs qu'à lire les affirmations de Mazzini, l'incarnation vi– vante du patriotisme radical italien: au lendemain de l'occu– pation de Rome, 1 le vieux combattant révolutionnaire décla– rait encore que la mission de la nouvelle Italie libre devait se réaliser avant tout par « l'abolizione del papato » et par la « conquista dell'inviolabilità della coscienza umana », qui ne pouvait évidemment pas être atteinte, à son avis, sans dé– truire la Papauté. J'aimerais ajouter que le raidissement de Mazzini, qui nous aparaissait bien plus tolérant en 1848, s'explique aussi en considérant l'attitude de la papauté entre 1864 (l'année du Syllabus) et 1869 (l'année de la proclama– tion du dogme de l'infaillibilité du pontife): ces gestes don– naient le sens d'une opposition radicale entre la tradition ca– tholique et l'évangile du progrès auquel Mazzini était lié. Il faut aussi souligner qu'à un certain point l'attitude patrioti– que italienne a amené à la formation d'une sorte de front idéologique, dont Mazzini et Garibaldi, avec ses chemises rouges , constituaient seulement l'avant-garde, mais dont les modérés, tels que Cavour, ne laissaient pas de participer jus– qu'à un certain point. Il faut bien distinguer leurs positions, mais on ne peut pas les séparer tout à fait. Lorsque Lacordaire rappelait aux Italiens, dans un court essai plein de sympathie pour leur cau– se, publié en 1860, que leur tradition nationale plus authen– tique devait les amener à former un état .fédératif, bien mieux qu'une monarchie napoléonienne, il n'y eut qu'un groupe de catholiques libéraux de Florence qui tâcha de diffuser une traduction italienne de cet ouvrage; les autres, et Ricasoli avant tout, qui était pourtant assez près de Cavour, et qui était un ennemi déclaré de Mazzini, tâchèrent d'empêcher qu'on imprimât cette traduction. L'idée d'une fédération leur paraissait désormais dangereuse : l'unité était devenue 1111 dogme politique. On appréciait plutôt, parmi ces patriotes italiens, modérés mais unitaires, le fameux pamphlet du vi-

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