BASA
130 H. Passerin d'Entrèves comte de la Guerronière, inspiré par Napoléon III, qui pro– posait que la souveraineté du pape ne dépasse pas les murs de la ville de Rome, en relevant assez heureusement que son autorité serait devenue beaucoup plus grande lorsque son ter– ritoire aurait pris des proportions minimes. Or, on ne peut pas oublier que depuis 1849 les états de Pie IX subsistaient uniquement grâce à l'appui armé de la France catholique, et que l'on serait arrivé en 1864 à ce paradoxe, d'un accord si– gné entre les deux gouvernements de France et d'Italie, con– cernant aussi l'état pontifical, sans .faire intervenir aucun re– présentant de l'autorité pontificale. Par cet accord on se rap– prochait du point auquel Cavour avait cherché de parvenir depuis son dernier grand discours sur la question romaine du 27 mars 1861: on tâchait de rassurer l'opinion catholique française, en donnant des gages sérieux pour le maintien de ce qui restait encore intact de l'état pontifical, Je Latium, dont on garantissait les frontières, même contre les révolu– tionnaires italiens, c'est-à-dire contre les garibaldiens, mais, on ne renonçait pas vraiment à réaliser l'unité italienne, l'i– dée que le modéré Cavour avait .fini par accepter, comme un don de Garibaldi, après la conquête du Royaume des deux Siciles. L'unité, qui aurait donné un coup de rabot à l'ouvra– ge des siècles, en supprimant même en partie ces précieuses différences et ces coutumes régionales auxquelles les Catta– neo, les Tommaseo, les Francesco Ferrari étaient si attachés, puisqu'ils les considéraient comme un aspect de la véritable liberté nationale; l'unité mettait dans les mains des hommes de la Droite une conception d'origine révolutionnaire, un fruit du rationalisme politique des jacobins. On le soulignait un peu trop, et d'une manière spécieuse, sur la presse des « intransigenti » catholiques, sur la « Civiltà Cattolica » sur– tout, qui feignait de croire que tout cela sortait uniquement de la source empoisonnée de la révolution, et qui maudissait l'esprit « satanique » dont étaient pétris les nouveaux états laïques nationaux, et l'égoïsme d'une partie assez périphéri-
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