BASA

Le cas de conscience des Catholiques 131 que de la nation italienne, le Piémont des Savoie, qui pré– tendait imposer sa loi et son roi au reste de la péninsule. On ignorait l'effort commun des patriotes, l'effort libéral du grand « tisseur » Cavour et de ses compagnons de lutte, qui avaient filtré l'esprit révolutionnaire et l'avaient renserré dans la charpente vigoureuse d'un état monarchique et jus– qu'à un certain point autoritaire. Or, cet état pouvait trouver assez de force pour résister aux courants radicaux, seulement lorsque le foyer de la vie nationale aurait été mis dans cet incomparable centre historique qui était constitué par la vil– le de Rome. Et pourtant, non sans courage, Cavour avait aussi déclaré qu'on ne serait arrivé à Rome que par des « mezzi morali », en adoptant rigoureusement la logique de la souveraineté nationale, qui devait exclure une conquête, un recours à la force. Il faut bien dire qu'il était plus cohé– rent, sur ce point, que les radicaux, que Mazzini et les ga– ribaldiens, mais les conservateurs ca~holiques doutaient de sa bonne foi, et soulignaient les aspects machiavéliques de sa politique: il adoptait toujours, à leur avis, la vieille métho– de des princes de Savoie, la « politica del carciofo » (on é– pluche l'artichaut une feuille après l'autre, pour ne pas res– ter étouffé en le mangeant) . On lui reprochait d'avoir signé en 1861 une traite en blanc, en engageant les gouvernements qui lui auraient succédé à obtenir du pape ce qu'aucun pape ne pouvait lui accorder: n'avait-il pas reconnu, dans un de ses fameux discours, que le pape avait mille fois raison en déclarant qu'il n'avait pas d'autorité pour renoncer à une « propriété » de l'Eglise ? Ces critiques contre Cavour ne te– naient pas assez compte de la profondeur de sa perspective: il suggérait au chef de la catholicité, ou pour mieux dire, à l'opinion catholique, dont il acceptait encore en partie les exigences, tout en ayant adopté un point de vue indépendant, une sortie de secours, une paix à signer avec l'ennemi de hier. Celui-ci pouvait rentrer dans le bercail, si, des deux cô– tés, la bonne volonté arrivait à prévaloir sur l'esprit de mé-

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