BASA

Le cas de conscience des Catholiques 135 thousiasme un peu douteux. Hippolyte Taine devait remar– quer non sans une certaine dose de méchanceté que les «vet– turini » romains devaient craindre de perdre leurs clients habituels et préférer la situation exceptionnelle d'une ville sainte cosmopolite à l'avenir incertain d'une Rome italienne. Les journaux cléricaux avaient justement insisté, à fa veille de la « conquête », sur la misère qui aurait suivi inévitable– ment les troupes piémontaises, et l'invasion bien plus dan– gereuse des employés faméliques, des gens de .finance et des percepteurs des impôts du nouvel état, qui avaient déjà tourmenté les citoyens pontificaux de l'Ombrie et des Mar– ches depuis 1860. Mais il est bien l'heure de jeter encore un coup d'oeil sur l'opinion française et sur ses réactions au lendemain de Porta Pia et jusqu'aux années de la « Rerum Novarum »: il y a en France - malgré les avatars de la guerre malheu– reuse - bien plus de possibilités de protester, car les pro– testations des catholiques, et surtout des évêques, du clergé ou de la presse, ne risquent pas de prendre un caractère sédi– tieux; le gouvernement français n'est pas frappé par les fou– dres du Vatican et il n'es t pas complice du « crime » commis par le gouvernement national italien. La culture catholique est aussi plus riche de sève; elle s'articule mieux qu'en Ita– lie, où elle n'a pas de retentissement chez les laïques. Les omélies des évêques n'ont ici, pour ainsi dire , pas d'écho au dehors des églises, si ce n'est chez des paysans incultes et des notables sans enthousiasme . On doit recourir, pourtant, mê– me en France, aux lieux communs de cette tradition légiti– miste et ultramontaine que j'ai déjà évoquée plusieurs fois. On considérait l'attaque contre le patrimoine de Saint-Pier– re comme un acte de brigandage politique qui annonçait et justifiait d'avance l 'atteinte portée par la révolution aux per– sonnes et aux biens, comme une violation du droit des cons– ciences qui blesse l'ordre moral des sociétés mais aussi l'or– dre matériel qui en découle. On évoquait le fantôme de

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