BASA

136 H. Passerin d'Entrèves l'anarchie: le triomphe de la révolution ne pourra épargner ni les biens ni les vies humaines. L'infaillibilité populaire est un principe très dangereux, dit-on, qui va ruiner l'ordre de toute société, tandis que la véritable légitimité d'un gou– vernement s'appuie sur un droit supérieur, sur le pouvoir conservateur par excellence, qui est le suprême ponüficat, garant de toutes les légitimités . Depuis dix ans, d'ailleurs, monseigneur Pie définissait le gouvernement pontifical com– me le « dernier type subsistant de l'ordre politique réguliè– rement soumis à la loi chrétienne ». Nous sommes ici aux antipodes des imprécations qui remplissent les pamphlets de quelques publicistes anticléricaux, tels que M. About, con– tre le pape-roi, dont nous connaissons plusieurs traductions italiennes (par exemple « Il Papa-re. Giù il re ! » c'était le titre de la traduction de la « Question romaine », publiée en Toscane, en 1859). Quelques catholiques libéraux en France admettaient sans hésitation que '1' administration pontificale n'était pas exempte de certains vices (il suffit de lire pour cela le Journal de Mgr. Darboy et les jugements des amis de Dupanloup). Mais les catholiques ultramontains criaient plus haut et ils trouvaient les formules les plus retentissantes. En regardant les choses d'assez loin, on peut bien créer la légende d'un pape prisonnier et dénué de toute ressource (on en arrivera, en France, à distribuer parmi les dévots de la paille qu'on disait avoir apporté de Rome, où Pie IX était enfermé dans une geôle); on peut aussi donner une version plus modérée et vraisemblable de ces inventions polémiques en disant, comme l'archevêque de Paris, que la couronne royale avait été remplacée sur la tête de Pie IX par une cou– ronne d'épines, et que dans son dénuement il apparaissait, tel que le divin Sauveur dans sa passion, comme l'homme de douleur, l'ecce homo ... Ces considérations finissent par ali– menter, selon la juste remarque de M. Gadille, une véritable mystique, celle de la Rome des papes, profanée par la Mai– son de Savoie, comme le sol français a été profané par l'oc-